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i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

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190<br />

théorie, il r’y a pas d’observation sci<strong>en</strong>tifique possible. Une théorie<br />

n’est jamais la synthèse tardive <strong>de</strong> phénoniènes collectés a-u ha-sar,<br />

c’est la collecte <strong>de</strong>s faits qui doit toujours être précédée d’une réfle<br />

xion théorique. Les recherches <strong>de</strong> Berlin et Kay sur les couleurs, dont<br />

nous avons déjà parlé, illustr<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> ce point. “Les données ethnogra<br />

phiques sur les couleurs abondai<strong>en</strong>t, mais, rassemblées sans perspective<br />

théorique, il leur manquait le plus souv<strong>en</strong>t telle ou telle information<br />

décisive pour mettre à l’épreuve Eleur hypothèse]. C’est la publica<br />

tion <strong>de</strong> leur travail qui (...) a suscité la collecte <strong>de</strong> données jusque<br />

là négligées, ce qui a permis à la fois <strong>de</strong> réviser et <strong>de</strong> corroborer<br />

leur hypothèse <strong>de</strong> départ” (SA : 1414).<br />

Comme toute sci<strong>en</strong>ce, l’anthropologie doit donc proposer <strong>de</strong>s hy<br />

pothèses non triviales et réfutables, c’est—à—dire trop générales pour<br />

être obt<strong>en</strong>ues par induction complète, mais suffisamm<strong>en</strong>t précises “pour<br />

que l’on sache à l’avance quel g<strong>en</strong>re d’observation empirique [les] re<br />

mettrait <strong>en</strong> cause” (SA : 9). En d’autres termes, “comme toute sci<strong>en</strong>ce,<br />

elle doit répondre à la question : qu’est—ce qui est empiriquem<strong>en</strong>t pos<br />

sible ? Et donc : qu’est—ce qui est empiriquem<strong>en</strong>t impossible ?“ (SA<br />

17).<br />

Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, on ne peut que souscrire à <strong>de</strong> telles consignes qui,<br />

n’était la gran<strong>de</strong> misère théorique <strong>de</strong> l’anthropologie, aurai<strong>en</strong>t à peine<br />

besoin d’être rappelées. Encore convi<strong>en</strong>t—il <strong>de</strong> les appliquer et, c’est<br />

ici que les difficultés comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t. Car bi<strong>en</strong> qu’ilsouligne que l’an<br />

thropologie a surtout besoin d’idées et d’hypothèses (CC : 39), le<br />

propos <strong>de</strong> Sperber reste surtout critique et programmatique. Et quand<br />

il avance <strong>de</strong>s propositions, j’ai le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t qu’elles ne satisfont pas<br />

toujours au double critère <strong>de</strong> généralité et <strong>de</strong> précision qu’il a lui—<br />

même fixé, alors qu’il écarte, par principe, <strong>de</strong>s classes <strong>en</strong>tières<br />

d’hypothèses qui s’y conform<strong>en</strong>t et que, malgré ses argum<strong>en</strong>ts, je per<br />

siste à trouver pertin<strong>en</strong>tes.<br />

Sperber répète <strong>de</strong>puis quinze ans (S : 118—119; CC z 27; SA : 17)

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