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i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

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les yeux et il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> naïvem<strong>en</strong>t aux filles du Rhin ce qu’il <strong>en</strong><br />

est <strong>de</strong> cet éclat. Et elles se moqu<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lui, bi<strong>en</strong> sûr, elles se<br />

moqu<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son ignorance et elles dis<strong>en</strong>t : “Tout le mon<strong>de</strong> sait ce<br />

dont il s’agit, c’est l’objet que tout le mon<strong>de</strong> désire, dont tout<br />

le mon<strong>de</strong> rêve, mais que personne ne doit toucher”. Et, cette fois,<br />

elles parl<strong>en</strong>t toutes <strong>en</strong>semble, c’est important, elles sont addition<br />

nées ou plutôt multipliées les unes par les autres, dépersonnalisées<br />

<strong>en</strong> quelque sorte.<br />

Elles me rappell<strong>en</strong>t, au fond, les jeunes filles <strong>en</strong> fleur<br />

ou les ftitures filles_fleurs <strong>de</strong> Parsifal. Les jeunes filles <strong>en</strong> fleur<br />

<strong>de</strong> Proust qui sont d’autant plus séduisantes qu’elles sont moins<br />

personnalisées, qu’elles sont plus indiffér<strong>en</strong>ciées et qu’elles n’ont<br />

pas d’individualité véritable. Les trois filles du Rhin, d’ailleurs,<br />

s’adress<strong>en</strong>t à Alberjc toutes <strong>en</strong>semble, elles ne retrouv<strong>en</strong>t leur<br />

individualité - comme les jeunes filles <strong>en</strong> fleur qui ont quelque<br />

chose d’aquatique, elles aussi, sur la plage <strong>de</strong> Balbec — elles ne<br />

retrouv<strong>en</strong>t leur voix Individuelle que pour se parler <strong>en</strong>tre elles,<br />

pour se moquer du désir grotesque d’Alberich. Dès qu’elles parl<strong>en</strong>t,<br />

elles l’exclu<strong>en</strong>t, leur cercle se referme, elles tourn<strong>en</strong>t vers lui<br />

le front sans faille <strong>de</strong> leur inaccessible beauté. L’or du Rhin se<br />

distingue mal d’abord <strong>de</strong> cette beauté qui n’est, d’ailleurs, plus<br />

tout à fait celle <strong>de</strong> tout à l’heure. Alberich, cette fois, les con<br />

fond. Les voici maint<strong>en</strong>ant donc multipliées à l’infini par leur<br />

anonymat, ieur puissance <strong>de</strong> Séduction érotique non pas diminuée<br />

mais multipliée elle aussi.<br />

Il faudrait étudier la Puissance du nombre et <strong>de</strong> la foule<br />

dans l’érotisme mo<strong>de</strong>rne. Je. p<strong>en</strong>se que cea apparaît à partir <strong>de</strong><br />

la fin du XIXème siècle, chez Bau<strong>de</strong>laire, chez Wagner, chez Zola,<br />

et tout au long du XXème siècle cela <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t plus int<strong>en</strong>se. L’éro<br />

tisme du multiple surgit au mom<strong>en</strong>t où la foule terrifiante, la foule<br />

<strong>de</strong>structrice et viol<strong>en</strong>te surgit et elle va bi<strong>en</strong>tôt surgir dans la<br />

jloie C’est<br />

évi<strong>de</strong>nt dans le cinéma et la<br />

pornographie contemporaine. A l’unique Vénus <strong>de</strong> Tannhajjser s’oppose<br />

la multiplicité <strong>de</strong>s filles du Rhin et la multipljcit plus gran<strong>de</strong>

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