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i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

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au groupe, il. est clair ue l-es injonctions <strong>de</strong> la thémis sont assez<br />

efficaces. La preuve <strong>en</strong> est que, lorsqu’on veut ét<strong>en</strong>dre l’espace social à<br />

l’intérieur duquel le meurtre sera prohibé, on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux hommes <strong>de</strong> ce<br />

groupe plus large, qui n’est plus un groupe <strong>de</strong> par<strong>en</strong>té, <strong>de</strong> se considérer<br />

comme <strong>de</strong>s frères. On me dira que la puissance <strong>de</strong> ce tabou vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce qu’il<br />

apparaft dans le sillage du sacrifice <strong>de</strong> la victime émissaire. Mais<br />

comm<strong>en</strong>t le prouver 7 je vois bi<strong>en</strong>, sans doute, <strong>en</strong> quoi l’exist<strong>en</strong>ce d’un<br />

adversaire honni, intérieur ou extérieur au groupe, est utile à la cohésion<br />

<strong>de</strong> celui—ci. Mais il me semble aussi que tout groupe qui aurait, au cours<br />

<strong>de</strong> l’histoire, négligé ce tabou, aurait, par hypothèse, été voué à<br />

disparaftre. Il y a donc un principe <strong>de</strong> sélection naturelle qui oblige<br />

tout groupe humain non suicidaire à placer au c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> son patrimoine<br />

culturel l’interdiction <strong>de</strong> verser le sang <strong>de</strong>s proches.<br />

J’avoue donc n’être pas tout à fait convaincu <strong>de</strong> la nécessité<br />

d’un bouc émissaire pour pacifier la viol<strong>en</strong>ce interne. J’ajouterai, sur ce<br />

point, une objection annexe, sur laquelle je n’insisterai pas trop, parce<br />

qu’elle n’est pas directem<strong>en</strong>t liée à la distinction thémis—dikè ; elle<br />

concerne l’assimilation que propose Girard <strong>en</strong>tre le rite du bouc émissaire<br />

et le rite sacrificiel. Je suppose que la question ne pourrait pas être<br />

traitée à fond sans l’exam<strong>en</strong> d’un vaste dossier. Mais je me permettrai <strong>de</strong><br />

rappeler ce que tout le mon<strong>de</strong> sait, à savoir que le bouc émissaire premier<br />

du nom, le caper emissarius du Lévitique (XVI), n’est pas une victime<br />

sacrificielle. Il n’est même pas immolé : porteur <strong>de</strong>s iniquités du<br />

peuple, il est conduit et abandonné au désert, séjour <strong>de</strong>s démons. C’est un<br />

autre bouc qui est immolé le même jour. Il aurait du reste été tout à<br />

fait inimaginable, dans le mon<strong>de</strong> hébraïque, <strong>de</strong> sacrifier à Dieu une<br />

bête chargée <strong>de</strong> péchés, et donc impure (8). J’<strong>en</strong> conclus provisoirem<strong>en</strong>t

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