i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée
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pouvoir pour déterminer les lois <strong>de</strong> Dieu et la forme du culte.<br />
Bref, Hobbes pr<strong>en</strong>d pour acquis que le souverain est la seule<br />
source <strong>de</strong> l’autorité religieuse. Etant donnée cette prémisse, le<br />
problème politique <strong>de</strong> la religion ne se pose pas; il est résolu<br />
tautologiquem<strong>en</strong>t.<br />
Le chapitre 12 du Léviathan est intitulé “De la Religion”. Il<br />
affirme qu’on ne trouve la religion que chez l’homme et que ses<br />
“premiers germes... ou principes ne peuv<strong>en</strong>t jamais être si<br />
effacés <strong>de</strong> la nature humaine qu’une nouvelle religion ne puisse<br />
surgir d’eux, grâce au travail <strong>de</strong> ceux qui sont <strong>en</strong> réputation à<br />
cette fin”.(P.179;p.116) Un philosophe politique qui prét<strong>en</strong>d<br />
faire reposer son édifice sur les “inclinations naturelles<br />
connues <strong>de</strong> l’humanité” (P.725;p.719) se doit <strong>de</strong> t<strong>en</strong>ir compte <strong>de</strong><br />
la religion. Le religieux est un aspect indéracinable <strong>de</strong> la<br />
nature humaine. Le problème politique <strong>de</strong> la religion se pose.<br />
Selon le chapitre 12 une relation profon<strong>de</strong> et fondam<strong>en</strong>tale a<br />
toujours existé <strong>en</strong>tre la religion et la politique. La religion<br />
<strong>de</strong>s G<strong>en</strong>tils, nous dit Hobbes, était “une partie <strong>de</strong> la politique<br />
humaine”, tandis que la religion révélée <strong>de</strong>s Hébreux était une<br />
forme <strong>de</strong> “Politique Divine”. (P.178;p.115) La raison qui, selon<br />
Hobbes, explique cette converg<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre la religion et la<br />
politique est la suivante: le but <strong>de</strong>s premiers fondateurs <strong>de</strong>s<br />
religions était <strong>de</strong> “r<strong>en</strong>dre les hommes qui leur faisai<strong>en</strong>t<br />
confiance plus aptes à l’obéissance, aux lois, à la paix, à la<br />
charité et à la société civile”.(P.178;p.115) La religion et la<br />
politique serv<strong>en</strong>t, ou <strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t servir la même fin. Pourquoi <strong>en</strong><br />
est—il ainsi, et si tel est le cas, pourquoi y a—t—il un problème<br />
politique <strong>de</strong> la religion?<br />
La religion, au dire <strong>de</strong> Hobbes, tire son origine <strong>de</strong> la peur et <strong>de</strong><br />
l’ignorance, <strong>de</strong> la peur <strong>de</strong>s temps à v<strong>en</strong>ir et <strong>de</strong> l’ignorance <strong>de</strong>s<br />
causes naturelles. La conjonction <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux élém<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre<br />
la croyance <strong>en</strong> <strong>de</strong>s esprits et <strong>de</strong>s puissances invisibles. Cette<br />
croyance <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t une opinion établie au point que les hommes<br />
trembl<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant les produits <strong>de</strong> leur propre imagination. Tels<br />
sont les premiers germes indéracinables <strong>de</strong> la religion. C’est<br />
cette origine commune <strong>de</strong> la religion et <strong>de</strong> la politique dans la<br />
peur qui explique la relation fondam<strong>en</strong>tale qui existe <strong>en</strong>tre<br />
elles.(P.370—371;p.349—352) C’est <strong>de</strong> cette commune origine aussi<br />
que procè<strong>de</strong> ce que l’on pourrait nommer la solution paï<strong>en</strong>ne au<br />
problème politique <strong>de</strong> la religion:<br />
Or donc les premiers législateurs et fondateurs <strong>de</strong>s<br />
républiques <strong>de</strong>s G<strong>en</strong>tils, dont le but n’était que <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r<br />
le peuple dans l’obéissance et la paix, ont partout pris<br />
sojn: Premièrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> graver dans leurs esprits la croyance<br />
que les préceptes qu’ils leur donnai<strong>en</strong>t concernant la<br />
religion ne procédai<strong>en</strong>t pas d’eux—mêmes mais <strong>de</strong>s édits <strong>de</strong>