30.06.2013 Views

i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

QUASI—OBJET ET ECHANGE SYMBOLIQUE :<br />

DE L’ALIDOR DE CORNEILLE AU DON JUAN DE MOLIERE<br />

Jean-Pierre Dupuy<br />

La littérature est, parfois ou souv<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> plus savante que<br />

lesdites sci<strong>en</strong>ces humaines. On se souvi<strong>en</strong>t que le structuralisme <strong>de</strong> Lévi—<br />

Strauss et <strong>de</strong> Lacan voyait naguère dans toute structure un système<br />

d’échanges ou <strong>de</strong> substitutions <strong>de</strong> signes. ‘Toujours déjà” là, <strong>en</strong> surplomb<br />

par rapport aux hommes, commandant leurs gestes et leurs paroles à leur<br />

insu, la “loi <strong>de</strong> l’échange” était c<strong>en</strong>sée gouverner l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s<br />

relations sociales : échanges <strong>de</strong> mots, échanges <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>s, échanges <strong>de</strong><br />

femmes. Lacan et ses successeurs greffèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux idées énigmatiques sur<br />

cette conception économique et sémiotique <strong>de</strong> la structure. D’une part,<br />

cet échange <strong>de</strong> signes, ou “échange symbolique”, est aussi le lieu où le<br />

désir pr<strong>en</strong>d sa source. L’homme désire dans la mesure où il est sujet,<br />

mais il n’est “sujet” qu’<strong>en</strong> tant qu’il est assujetti au signifiant.<br />

D’autre part, ce qui permet à la structure <strong>de</strong> fonctionner comme système<br />

d’échanges est la circulation ininterrompue d’un “objet symbolique” qui a<br />

la forme d’un manque ou d’une abs<strong>en</strong>ce. Les structuralistes français ont<br />

donné <strong>de</strong>s noms très divers à cet objet qui n’<strong>en</strong> est pas un, qui n’est ni<br />

réel ni imaginaire et qui <strong>de</strong>vrait <strong>en</strong> principe échapper à toute<br />

conceptualisation. Si Lacan le caractérise comme “manque”, Deleuze le<br />

nomme “case vi<strong>de</strong>”, Foucault, “place du Roi”, Sollers, “tache aveugle”,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!