i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée
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situés à i’ii—chemin <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>zuutsa et les tueurs, Et puisque les Dorzé<br />
répartisarit toutes choses <strong>en</strong>tre l’aîné et le ca<strong>de</strong>t ou ce qui, pour eux,<br />
revi<strong>en</strong>t au même, <strong>en</strong>tre le froid et le chaud (S71, on pourraftdïi que<br />
les <strong>de</strong>mutsa occup<strong>en</strong>t le pôle le plus froid <strong>de</strong> la société et les tueurs le<br />
pôle le plus chaud, c’est à dire respectivem<strong>en</strong>t la position la plus stable<br />
et la plus instable, la plus intérieure à la société et la plus calme, et<br />
à la plus extérieure et la plus viol<strong>en</strong>te, alors que les hala]c’a occup<strong>en</strong>t<br />
la position moy<strong>en</strong>ne. C’est ce que confirme, tout d’abord, l’opposition<br />
relevée par Sperber <strong>en</strong>tre les positions <strong>de</strong> dignitaire et <strong>de</strong> sacrificateur<br />
“L’une est liée aux lieux publics, chemins, places ou marchés, l’autre<br />
aux bosquets, forêts, champs. Le dignitaire s’affiche , le sacrificateur<br />
se ti<strong>en</strong>t à l’écart <strong>de</strong> toute agitation. Le dignitaire a droit aux<br />
funérailles les plus dramatiques sur la place publique le sacrificateur,<br />
seul <strong>de</strong> tous les Dorzé n’a <strong>de</strong> funérailles qu’à son domicile” (S6 :73).<br />
Ensuite, les connotations viol<strong>en</strong>tes (56 :65) du tour cérémoniel du marché<br />
que doit effectuer le dignitaire lors <strong>de</strong> son <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> fonction (56 : 50),<br />
mais non le sacrificateur (56 : 50,73). Enfin, le fait que l’accès au<br />
statut <strong>de</strong> tueur est lui aussi “marqué par le traditionnel tour du marché<br />
avec beurre sur la tête, et par <strong>de</strong>s funérailles spectaculaires” (56 : 86).<br />
Mais ce n’est pas tout. Nous avons vu que le dignitaire est <strong>en</strong> quelque<br />
sorte un sacrificateur <strong>en</strong> second (les <strong>de</strong>mutsa sont plus nettem<strong>en</strong>t que les<br />
halak’a les garants <strong>de</strong> la fécondité, S6 :50) et aussi une manière d’aîné<br />
<strong>en</strong> second (ce qui d’ailleurs revi<strong>en</strong>t au même puisqu’un Dorzé appelle baira<br />
c’est à dire aîné, celui qui sacrifie pour lui (cf. “La notion d’aînesse<br />
et ses paradoxes...”)). S’il est bi<strong>en</strong>, comme je le conjecture, à<br />
mi—distance <strong>en</strong>tre le grand sacrificateur et le tueur, il doit donc aussi<br />
être un tueur <strong>en</strong> second, et c’est bi<strong>en</strong> le cas. Un tueur, nous dit Sperber,<br />
“susp<strong>en</strong>d la verge <strong>de</strong> ses <strong>en</strong>nemis tués et émasculés au mur du vestibule, au<br />
<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s sièges où l’on a coutume <strong>de</strong> s’asseoir” (S6 : 56). Or, les<br />
dignitaires, “à l’occasion <strong>de</strong>s rites <strong>de</strong> leur <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> fonction, orn<strong>en</strong>t<br />
leur front d’un objet <strong>en</strong> laiton qui représ<strong>en</strong>te <strong>de</strong> manière assez réaliste<br />
une verge érigée”(S6:47). Le dignitaire est donc bi<strong>en</strong> une manière <strong>de</strong> tueur<br />
“symbolique”. Mais chose piquante, tout comme leur affinité généalogique<br />
avec les grands sacrificateurs, cette affinité <strong>de</strong>s dignitaires avec les<br />
tueurs doit paradoxalem<strong>en</strong>t rester tacite. “Lorsque je souligne à mes<br />
interlocuteurs”, écrit Sperber, “cette ressemblance [<strong>en</strong>tre l’objet rituel<br />
porté par les halaic’a et l’organe sexuel masculin], après avoir att<strong>en</strong>du <strong>en</strong><br />
vain qu’on me la m<strong>en</strong>tionne spontaném<strong>en</strong>t, ma remarque est reçue comme une<br />
plaisanterie <strong>de</strong> mauvais goût” (56 : 47—48). En fait, repr<strong>en</strong>d—il plus loin,<br />
“mes informateurs (. . .) ni<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t que ce comm<strong>en</strong>taire (. . .) soit<br />
pertin<strong>en</strong>t” (5G : 55), et on peut t<strong>en</strong>ir pour acquis que “les <strong>de</strong>ux statuts<br />
sociaux liés à ces <strong>de</strong>ux rites, celui <strong>de</strong> dignitaire et celui <strong>de</strong> tueur, sont<br />
explicitem<strong>en</strong>t rapprochés” (56 : 56).<br />
Tout se passe donc comme si le dignitaire réunissait dans sa personne<br />
les <strong>de</strong>ux fonctions normalem<strong>en</strong>t incompatibles <strong>de</strong> tueur et <strong>de</strong> sacrificateur.<br />
Mais les indications fournies par Sperber ne permett<strong>en</strong>t pas d’<strong>en</strong> dire<br />
plus.<br />
121 —<br />
Comme<br />
nous l’avons vu dans la note précé<strong>de</strong>nte, les grands<br />
sacrificateurs et les dignitaires doiv<strong>en</strong>t les uns et les autres être<br />
mariés. Mais alors que les dignitaires, comme les jeunes mariés et les<br />
tueurs, sont soumis à <strong>de</strong>s rites <strong>de</strong> passage au cours <strong>de</strong>squels ils doiv<strong>en</strong>t<br />
mettre du beurre sur leur tête, l’accession au titre <strong>de</strong> grand<br />
sacrificateur n’est marqué par aucun rituel. Reste que si le sacrificateur