i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée
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les obligeait, puisque Dieu ne leur parlait pas directem<strong>en</strong>t, mais<br />
par la médiation <strong>de</strong> Moïse.”(Ibid) “Aussi son autorité, comme<br />
celle <strong>de</strong> tous les autres princes doit—elle être fondée sur le<br />
cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t du peuple et sa promesse <strong>de</strong> lui obéir.”(P.502;<br />
p.498)<br />
Il est relativem<strong>en</strong>t difficile <strong>de</strong> pousser plus loin la séculari—<br />
sation du pouvoir politique. Selon Hobbes, le droit <strong>de</strong> Moïse <strong>de</strong><br />
gouverner les Hébreux ne vi<strong>en</strong>t pas et ne peut pas v<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> Dieu.<br />
Comme le droit <strong>de</strong>s autres princes il ne peut reposer que sur le<br />
cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ses sujets. Ce n’est pas la religion qui légitime<br />
la politique, mais au contraire, la politique seule qui peut<br />
transformer la religion <strong>en</strong> loi, et cela, même dans le royaume <strong>de</strong><br />
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Dieu.<br />
Même dans le royaume <strong>de</strong> Dieu donc, les hommes ne font que croire.<br />
Ils ne sav<strong>en</strong>t pas si les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Moïse sont les coraman—<br />
<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu. De là découle que même le royaume <strong>de</strong> Dieu est<br />
susceptible <strong>de</strong>s vissicitu<strong>de</strong>s religieuses qui m<strong>en</strong>ac<strong>en</strong>t les<br />
souverainetés humaines.<br />
En effet, quand ils dir<strong>en</strong>t à Samuel (1 Samuel VIII,5): fais—<br />
nous un roi pour qu’il nous juge, à la manière <strong>de</strong> toutes les<br />
nations, ils signifièr<strong>en</strong>t qu’ils ne voulai<strong>en</strong>t plus être<br />
gouvernés par <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts qui leur serai<strong>en</strong>t imposés<br />
par le prêtre au nom <strong>de</strong> Dieu, mais par quelqu’un qui les<br />
comman<strong>de</strong>rait <strong>de</strong> la même façon que toutes les autres nations<br />
l’étai<strong>en</strong>t; et par conséqu<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> déposant le grand—prêtre <strong>de</strong><br />
l’autorité royale, ils déposèr<strong>en</strong>t ce gouvernem<strong>en</strong>t par<br />
ticulier <strong>de</strong> Dieu. Dieu y cons<strong>en</strong>tit pourtant, disant à<br />
Samuel (verset 7) : écoute la voix du peuple, dans tout ce<br />
qu’ils te diront; car ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté,<br />
mais moi, afin que je ne règne plus sur eux. (P.508; p.503)<br />
Le problème qui surgit maint<strong>en</strong>ant, au vu <strong>de</strong> notre interprétation<br />
et <strong>de</strong> ce que Hobbes vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> dire est le suivant: quelle est la<br />
différ<strong>en</strong>ce? Qu’est-ce qui a donc soudainem<strong>en</strong>t changé pour que le<br />
royaume <strong>de</strong> Dieu cesse d’exister? Les Hébreux n’avai<strong>en</strong>t—ils pas<br />
déjà “comme toutes les autres nations” un souverain dont<br />
l’autorité, comme celle <strong>de</strong> “tous les autres princes”, est absolue<br />
et repose sur leur seul cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t? Hobbes nous dit qu’après<br />
l’élection du roi, “il ne resta plus d’autorité aux prêtres,<br />
sinon celle qu’il plaisait aux rois <strong>de</strong> leur accor<strong>de</strong>r.”(Ibid)<br />
C’est donc dorénavant la parole du roi que les Israélites sont<br />
c<strong>en</strong>sés accepter comme la parole <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong> même qu’auparavant<br />
ils pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Moïse comme les comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts<br />
<strong>de</strong> Dieu. En quoi le roi diffère-t-il <strong>de</strong> Moïse ou du grand-prêtre<br />
? Au moins qu’il ne faille croire que le roi n’a pas cons<strong>en</strong>ti à<br />
l’élection <strong>de</strong> Mose.