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i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

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_—s-4 1ri€Tt dire, à ce que cette iconographie a <strong>de</strong> ridicule parce<br />

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qu’elle se situe dans cette zone où le désir n’est plus le nôtre<br />

mais où il est <strong>en</strong>core reconnaissable, zone dangereuse, zone par<br />

excell<strong>en</strong>ce du ridicule. Aujourd’hui, ces clichés sont <strong>en</strong> train <strong>de</strong><br />

disparaître. On nous donne <strong>de</strong>s filles du Rhin squelettiques et anore<br />

xiques, telles que l’exige la mo<strong>de</strong> actuelle qui sera, sans doute,<br />

tout aussi ridicule dans 50 ans que celle <strong>de</strong> 1870.<br />

Ces trois filles provoqu<strong>en</strong>t Alberich. Elles l’aguich<strong>en</strong>t,<br />

puis d’un seul coup elles se dégag<strong>en</strong>t <strong>en</strong> riant. Elles ne l’accueil<br />

l<strong>en</strong>t que pour se dérober : “Vi<strong>en</strong>s plus près <strong>de</strong> moi”, dit la première,<br />

Woglin<strong>de</strong>, avant <strong>de</strong> s’éloigner. Suis-je assez près <strong>de</strong> toi”, susurre<br />

la secon<strong>de</strong>, Wellgun<strong>de</strong>, qui lui glisse <strong>en</strong>suite <strong>en</strong>tre les doigts,<br />

espèce <strong>de</strong> truite étincelante. La troisième, Flosshil<strong>de</strong>, <strong>en</strong> principe<br />

la plus sage, va plus loin <strong>en</strong>core dans l’audace, elle se laisse<br />

étreindre insoucieuse d’un danger d’autant plus illusoire qu’il<br />

paraît plus proche. Le pauvre Alberich, le nain affreux, est à quatre<br />

pattes sur les rochers, il se déchire sur leurs arêtes, il s’aplatit<br />

sur les ron<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> ces rochers, il geint, il souffle, il saigne.<br />

Il croit se saisir d’une <strong>de</strong> ces filles et le voilà qui pique du<br />

nez sur les cailloux, il n’étreint jamais que <strong>de</strong>s rochers.<br />

Ces trois scènes, si vous voulez, ont la même forme. La<br />

secon<strong>de</strong> repr<strong>en</strong>d la première, puis la troisième et chacune est un<br />

peu plus longue, un peu plus insistante. Elles s’allong<strong>en</strong>t, elles<br />

s’étir<strong>en</strong>t, elles se gonfl<strong>en</strong>t comme trois vagues successives, chacune<br />

plus haute que la précé<strong>de</strong>nte, et ces trois vagues prolong<strong>en</strong>t et<br />

grossiss<strong>en</strong>t la houle qui les précè<strong>de</strong>. Elles jailliss<strong>en</strong>t du prologue<br />

par un processus <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>ciation à peine s<strong>en</strong>sible et qui s’amorce<br />

bi<strong>en</strong> avant la parole, après quelques mesures seulem<strong>en</strong>t, mais sans<br />

véritable discontinuité, sans que le chant provoque une véritable<br />

rupture, quoique l’on dise souv<strong>en</strong>t le contraire.<br />

Les trois filles du Rhin sont donc <strong>en</strong>o<strong>en</strong>drées par le fleuve,<br />

Vénus multiforme surgissant <strong>de</strong>s eaux. Mais cette Vénus là d’ail1ers<br />

n’est pas la Vénus <strong>de</strong> la tradition occi<strong>de</strong>ntale. Ce n’est pas là

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