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i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

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quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit”, le valet repr<strong>en</strong>d<br />

<strong>en</strong> particulier le vieil argum<strong>en</strong>t théologique <strong>de</strong>s “causes finales?? pour <strong>en</strong><br />

inférer l’exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu — sur quoi, t<strong>en</strong>tant d’illustrer l’ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t<br />

admirable du corps humain, cette machine trop complexe pour ne pas avoir<br />

<strong>de</strong> créateur, il se casse la figure et son raisonnem<strong>en</strong>t avec. Or repr<strong>en</strong>ons<br />

la logique <strong>de</strong> ce raisonnem<strong>en</strong>t, beaucoup moins antirationailste qu’ on le<br />

prét<strong>en</strong>d généralem<strong>en</strong>t (Molière citant Gass<strong>en</strong>di, pourf<strong>en</strong><strong>de</strong>ur <strong>de</strong> Descartes).<br />

Pourquoi y a—t—il quelque chose plut6t que ri<strong>en</strong> ? Pourquoi, vous, Don<br />

Juan, êtes—vous là, et les arbres, les rochers qui nous <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t ? Il<br />

doit bi<strong>en</strong> y avoir une cause, et cette cause doit elle—même procé<strong>de</strong>r d’une<br />

autre cause, jusqu’à ce qu’<strong>en</strong> remontant, on trouve une cause première,<br />

qui soit cause <strong>de</strong> soi, autosuffisante, pleine et prés<strong>en</strong>te à soi : Dieu.<br />

Tel est l’argum<strong>en</strong>t onto—théologique qui, fondé sur le principe <strong>de</strong> raison<br />

suffisante (Leibniz) parcourt, selon Hei<strong>de</strong>gger, toute la métaphysique<br />

occi<strong>de</strong>ntale. A la question “pourquoi ?“, on répond <strong>de</strong> manière typiquem<strong>en</strong>t<br />

métaphysique <strong>en</strong> postulant un étant fondam<strong>en</strong>tal : Dieu, ce qui évacue la<br />

différ<strong>en</strong>ce ontologique <strong>en</strong>tre l’Etre et l’étant. Ce raisonnem<strong>en</strong>t “se casse<br />

le nez” sous l’oeil narquois <strong>de</strong> Don Juan : on a là la première<br />

“déconstruction” <strong>de</strong> la métaphysique occi<strong>de</strong>ntale. Ce qui est visé, <strong>de</strong><br />

fait, c’est l’autonomie présumée du principe créateur, qui implique que<br />

le mon<strong>de</strong> lui—même, la créature, n’est pas autonome.<br />

Le rapport à la transc<strong>en</strong>dance sociale est chez Don Juan<br />

fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t le même que le rapport à la transc<strong>en</strong>dance religieuse<br />

(“Don Juan est le démon <strong>de</strong> l’imman<strong>en</strong>ce pure”, selon la belle formule <strong>de</strong><br />

D<strong>en</strong>is <strong>de</strong> Rougemont). Car la transc<strong>en</strong>dance sociale se donne elle aussi<br />

comme plénitu<strong>de</strong> et autosuffisance. Dans une véritable société d’ordres,<br />

ceux qui, placés au sommet <strong>de</strong> la hiérarchie, ont pour fonction <strong>de</strong> faire<br />

I

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