i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée
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Chapitre I<br />
Avant d’<strong>en</strong> v<strong>en</strong>ir à la lecture hobbesi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> la Bible, et à la<br />
solution qu’elle propose au problème politique <strong>de</strong> la religion, il<br />
convi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> voir ce que, selon Hobbes, la raison abandonnée à<br />
elle—même peut nous <strong>en</strong>seigner à ce sujet. C’est ce qu’on peut<br />
lire dans le <strong>de</strong>rnier chapitre du <strong>de</strong>uxième livre du Léviathan<br />
intitulé, “Du Royaume <strong>de</strong> Dieu selon la Nature”.’°<br />
Le royaume naturel <strong>de</strong> Dieu, selon Hobbes, n’est pas le pouvoir<br />
par lequel Il comman<strong>de</strong> à la nature, ce n’est pas l’univers<br />
ordonné par Dieu où pr<strong>en</strong>d place la politique selon Hooker.<br />
Selon Hobbes, “<strong>de</strong> celui-là seul on peut dire, à proprem<strong>en</strong>t<br />
parler, qu’il règne, qui gouverne ses sujets par la parole,<br />
promettant <strong>en</strong> outre <strong>de</strong>s récomp<strong>en</strong>ses à ceux qui lui obéiss<strong>en</strong>t et<br />
m<strong>en</strong>açant <strong>de</strong> châtim<strong>en</strong>ts ceux qui lui désobéiss<strong>en</strong>t.” (P.396;p.379)<br />
Du royaume <strong>de</strong> Dieu sont donc exclus les êtres irrationnels et les<br />
corps inanimés, les athées et “ceux qui croi<strong>en</strong>t que Dieu ne se<br />
soucie <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong>s hommes”.(Ibid) Le royaume <strong>de</strong> Dieu<br />
conti<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s hommes, et <strong>de</strong>s hommes seulem<strong>en</strong>t, mais pas tous,<br />
ceux—là seuls qui reconnaiss<strong>en</strong>t quelque parole comme émanant <strong>de</strong><br />
Lui. “Tous les autres doiv<strong>en</strong>t êtres réputés ses <strong>en</strong>nemis.”(Ibid)<br />
Le royaume <strong>de</strong> Dieu par nature est une société politique. Il<br />
repose sur le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ses sujets, <strong>de</strong> ceux qui reconnais<br />
s<strong>en</strong>t une parole comme v<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> Dieu. Sans cette reconnaissance<br />
le royaume <strong>de</strong> Dieu ne peut pas exister. Les hommes <strong>de</strong>meur<strong>en</strong>t dans<br />
l’état <strong>de</strong> nature par rapport à Dieu. Ils sont ses <strong>en</strong>nemis. Il est<br />
vrai que Hobbes affirme que le “droit <strong>de</strong> nature par lequel Dieu<br />
règne sur les hommes.. .découle... <strong>de</strong> sa puissance irrésisti—<br />
ble.”(P.397;Ibid) Mais chez Hobbes le droit <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r que<br />
possè<strong>de</strong> quelqu’un n’<strong>en</strong>traîne jamais automatiquem<strong>en</strong>t une obliga<br />
tion chez les autres. “Nul ne supporte <strong>en</strong> effet d’obligation qui<br />
n’émane d’un acte qu’il a lui—même posé” (P.268p.229) dit<br />
Hobbes, et <strong>en</strong>core,” ce n’est donc pas la victoire qui donne le<br />
droit d’exercer la domination sur le vaincu, mais le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong> celui_ci.”(P.255_256;p.212)tt Même Dieu donc, dans la mesure<br />
où il veut gouverner les hommes comme <strong>de</strong>s sujets, plutôt que <strong>de</strong><br />
les écraser <strong>de</strong> sa puissance irrésistible, ne peut faire l’écono<br />
mie <strong>de</strong> la structure ess<strong>en</strong>tielle <strong>de</strong> l’institution politique: le<br />
cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s sujets réalisé dans le contrat. 12<br />
Cette i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> structure ne doit cep<strong>en</strong>dant pas nous dissimuler<br />
les différ<strong>en</strong>ces qui exist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre le royaume naturel <strong>de</strong> Dieu et<br />
les institutions politiques humaines. Hobbes, afin <strong>de</strong> justifier<br />
le droit divin <strong>de</strong> régner sur l’humanité compare Dieu à un homme<br />
dont la puissance serait irrésistible. Dans l’état <strong>de</strong> nature un<br />
tel individu n’eut jamais été obligé <strong>de</strong> déposer ses droits et il