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Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

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mais aussi par une forme de distinction plus fondamentalement<br />

anthropologique entre culture et nature qui permet<br />

d’interroger non pas la rupture mais le lien entre ces deux<br />

notions. Ce lien, central dans le monde de la gospodărie,<br />

constitue une incorporation réciproque entre les héritiers du<br />

gospodar et leurs animaux mais aussi avec leur environnement<br />

et autrui 327 . Il ingère du lait et de la chaire bovine,<br />

mais digère aussi symboliquement de l’altérité animale et<br />

humaine dans un système d’échange réciproque fondamental<br />

dans les basses-cours du Banat.<br />

Une ontologie de l’étable …<br />

Les animaux et la terre sont aussi un plaisir. C’est un plaisir de<br />

voir les poules dans la cour, de les voir soignées, de savoir que<br />

les tomates, les pommes de terre sont de toi. C’est un plaisir<br />

d’arriver au point final. Tes produits apportent du bonheur. Et<br />

jamais je n’ai regretté l’investissement. Le plaisir que tout soit<br />

à toi et de ne pas l’avoir acheté, de l’avoir fait de ton travail, il<br />

se peut que tu paies autre chose, dis-je. C’est un lien d’âme.<br />

Exactement comme un lien que tu crois exister entre toi et une<br />

force supranaturelle, entre toi et Dieu. Une sorte de croyance<br />

que je sens comme cela vis-à-vis de la terre, des animaux.<br />

La terre et les animaux ont besoin d’être soignés. Nous nous<br />

engageons à quelque chose. 328<br />

C’est la conservation du lien à la nature qui est ici souligné<br />

par Bibiana. La relation entre la nourriture et le travail qui<br />

l’a produite, un rapport particulier, presque philosophique,<br />

spirituel à l’espace de production sont pointés. Cultiver son<br />

jardin et élever des animaux devient un mode de vie spécifique.<br />

Cette spécificité semble tenir au travail avec les animaux<br />

formant ainsi un monde commun à l’éleveur et ses bêtes.<br />

Les paysans villageois rencontrés, à l’image de Bibiana,<br />

parlent d’une forme d’échange. Il s’agit d’un lien qui, tel le<br />

327. C’est principalement sur ce premier aspect que ce court article<br />

insiste. J’ai développé ces trois points dans ma recherche doctorale<br />

(Lagneaux, 2010).<br />

328. Bibiana, enseignante, environ 45 ans, Maureni, mai 2006.<br />

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