Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

Ce questionnement se fera, avec, en toile de fond, la
problématique abordée par M. Detienne, dans l’une de ses
dernières parutions: L’identité nationale, une énigme 345 . En
sa compagnie, on y revisitera rapidement en quels termes
peuvent être saisis les rapports (ou „non rapports“) à la patrie,
à la nation, au sol et au sang et, finalement, à l’identité
nationale.
„La terre et les morts“
„La terre et les morts“ (Barrès revisité par Detienne)
Dans un petit livre récent intitulé L’identité nationale, une
énigme, Marcel Detienne revisite la notion d’autochtonie,
mobilisée pour la (bonne) cause nationale et nationaliste
des XIXe et XXe s. En effet, le grand spécialiste de la Grèce
antique, provoqué par la récente polémique française autour
de la création d’un Ministère de l’identité nationale, rappelle
les discours qui, avec leur cortège d’images fortes, ont marqué
les esprits des Français, à un moment de leur histoire où
la nation avait besoin de mobiliser toutes ses potentialités
patriotiques. Ainsi, se trouve évoqué le célèbre discours de
Maurice Barrès prononcé le 10 mars 1899, La terre et les
morts (Sur quelles réalités fonder la conscience française).
Le climat politique dans lequel se situe cette prise de parole,
est marqué par des événements tels que la perte de l’Alsace
et de la Lorraine, au profit de l’Allemagne, lors du Traité de
Francfort, en 1871, ou encore de l’Affaire Dreyfus (1896-
1899) etc.
Les „racinés“ de Barrès: la réactivation d’un vieux mythe
chtonien. Dans un tel contexte, nous dit Detienne, la rhétorique
de Barrès développe des métaphores chtoniennes
d’„enracinement“, où la figure dominante est celle des ancêtres.
Il faut, selon Barrès, „raciner les français dans la
terre et les morts“. Les morts sont nécessaires à l’élaboration
345. Detienne, M., op. cit.
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