15.01.2014 Views

Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

C’est là, sans doute, un aspect plus spécifique de ce vaste<br />

phénomène de „culte des morts“ et de leur „mémoire“, qui<br />

vont fleurir avec le développement du nationalisme et de<br />

ses effets: l’hécatombe de victimes des deux premières<br />

guerres mondiales, promues „héros tombés pour la patrie“<br />

auxquels on érigera dans les moindres localités, tantôt au<br />

milieu du cimetière, tantôt au centre du village, ces fameux<br />

„monuments aux morts“, où l’on a gravé dans la pierre la<br />

longue liste des morts à la guerre. Des cérémonies d’hommage<br />

collectif et public seront organisées chaque année à<br />

leur mémoire. Nous n’y insisterons pas, tout cela étant bien<br />

connu 351 .<br />

Des racinés de Barrès aux băstinaşi roumains<br />

Le discours de l’Enciclopedia României sur la Bucovine.<br />

A travers le questionnement de M. Detienne sur l’identité<br />

nationale, nous venons de voir comment s’est réactivée une<br />

idéologie de l’autochtonie qui remonte à l’antiquité et comment<br />

s’est construit un type de discours qui établit des liens<br />

étroits entre la terre, les morts et la mémoire des ancêtres.<br />

A ce propos, la comparaison du discours tenu sur les Français<br />

de souche, avec celui de l’Enciclopedia României sur<br />

les Roumains băstinaşi 352 nous paraît éclairante. En effet,<br />

la vaste entreprise que constitue l’Encyclopedie de la Roumanie<br />

- dont la publication débute en 1937, sous le Haut<br />

patronage du Roi de Roumanie Carol II - élabore un discours<br />

national et nationaliste à l’heure où les responsables<br />

politiques entendent renforcer la légitimité d’une „Grande<br />

351. Un numéro de la revue des sciences sociales de Strasbourg y<br />

est consacré (Voir réf.). En particulier l’article de Utz Jeggle, Oubli et<br />

mémoire: quels comportements adopter envers le passé nazi? (op. cit.<br />

pp. 100-108).<br />

352. Le terme băstinaş vient de baştină, mot emprunté au bulgare<br />

avec un sens fort différent (renvoyant à l’idée de „détérioration“. Le lien<br />

est à éclaircir!) (Information de Assia Popova que nous remercions ici<br />

pour cette précision). En roumain, l’adjectif est défini comme „personne<br />

qui se trouve de génération en génération, sur la terre où il habite; autochtone,<br />

indigène“. (Dicţionar Breban, op. cit.). Voir aussi à ce propos<br />

l’article de Keith Hitchins in Banac, I. et Verdery, K., op. cit.<br />

311

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!