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Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

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don maussien, se caractérise par la coprésence, à priori antagonique,<br />

de l’intérêt et de la gratuité, de l’obligation et de<br />

la liberté (Mauss, 1950). L’élevage a un intérêt économique<br />

car ses produits sont une nécessité dans le revenu du foyer;<br />

il est une obligation morale liée au poids du modèle du bon<br />

gospodar (autonomie du foyer par un travail incessant)<br />

même s’il se transforme; il est porteur de la gratuité de la<br />

reconnaissance spécifique de l’animal; il est une forme de<br />

liberté d’un être au monde en contact avec la nature domestiquée.<br />

En effet, la domestication, suivant Digard (1999, p.<br />

13), n’est pas un état de l’animal, contrairement aux catégories<br />

usuelles de sauvage ou domestique, mais bien plus une<br />

action de l’homme. Elle n’est pas un processus historique<br />

clos en un temps et un lieu menant d’un état à un autre une<br />

fois pour tout. Elle est une action qui sans cesse se renouvelle<br />

et s’entretient. L’animal occupe donc une place différente<br />

de ce qui se pratique dans l’élevage industriel, où il est<br />

décrit comme une matière biologique à nourrir pour obtenir,<br />

pour avoir. Outre le revenu et le produit obtenu par l’élevage,<br />

on peut parler d’une assimilation réciproque entre Joana et<br />

son éleveur. Nourrir, prendre soin de sa vache permet, en<br />

échange, un droit de chaire. Les gestes quotidiens partagés<br />

jusque dans la mort sont significatifs au-delà du résultat luimême.<br />

Le bien réside dans l’avoir mais aussi dans l’être et<br />

se poursuit dans la commensalité en débutant par une mise<br />

à mort respectueuse et une préparation culinaire attentive.<br />

La mort doit être en cohérence avec les valeurs sourdant<br />

du travail et de l’être en gospodărie. L’abattage industriel<br />

même dit indolore et respectueux du bien être animal est<br />

une violence, une atteinte à cet ethos à ce respect. Bien<br />

qu’il n’y aie pas de bonne mort, que le bras de Nicu tremble<br />

lorsqu’il s’abat pour tuer, elle est une condition nécessaire<br />

à la vie. Le sort des animaux est scellé le jour de leur naissance<br />

mais ceci n’engendre pas une conception mécaniste,<br />

robotisée de l’animal (Lestel, 2010; Despret, 2007) réduit à<br />

un pi ou à une cuisse producteur de profit. L’éleveur héritier<br />

du gospodar n’agit pas dans la seule optique de la spécification<br />

de l’animal à sa seule fonction productrice. Même si<br />

cette ressource n’est certainement pas à négliger, elle n’est<br />

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