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Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

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pas une condition suffisante à l’estime de soi de l’éleveur,<br />

et pour décrire son horizon professionnel et identitaire. Les<br />

gestes quotidiens au sein de la gospodărie témoignent de<br />

cette particularité, à la différence des observations menées<br />

dans des élevages industriels et des discours tenus par les<br />

entrepreneurs en animaliculture roumains ou non 329 , selon<br />

lesquels le lien à l’animal serait dépassé et hors de propos.<br />

… à la table<br />

Nicu est non seulement attentif à la bonne croissance et<br />

donc au rendement de son bétail mais aussi à son bien-être<br />

par les soins qu’il prodigue. Ainsi, il saura „d’où et de qui“<br />

est ce qu’il mange.<br />

La campagne, c’est le mouvement, la beauté, l’air frais, la chaleur,<br />

la lumière. Je peux élever des animaux. Quand je veux<br />

manger, je vais dans la cour et je choisis ce que je veux. Vite<br />

je prépare une soupe, un rôti. Les vaches me donnent du lait.<br />

À la ville, il faut en acheter et il contient beaucoup d’eau. La<br />

volaille, … tout est d’ici et pas du magasin. À la télé, on dit que<br />

la viande de porc est infestée de salmonelle et autres maladies.<br />

Moi je suis un adepte de la vie bio: toute la production du village<br />

est riche 330 .<br />

329. Dans les élevages familiaux de Belgique investigués actuellement, notamment<br />

une exploitation familiale du Brabant wallon dotée d’une stabulation libre dernier<br />

cri telle que vue dans une élevage industriel roumain mais avec un cheptel plus réduit,<br />

cet apport multiple de l’élevage, de la domestication et du lien à l’animal est également<br />

présent. Ce lien cependant compte également des formes spécifiques sans être radicalement<br />

différentes des propos tenus par les paysans roumains entendus: l’échange et<br />

l’assimilation réciproque sont communes même si leur portée varie. Il s’agit de creuser<br />

les communauté hybrides (Lestel, 2007) ou mixtes (Descola, 2005) formées selon les<br />

types d’élevage et de culture. Le monde des éleveurs et celui des animaux se rencontrent.<br />

Ils cohabitent. Ce partage et/ou rapport de force prend des formes diverses et des<br />

sens multiples mais nous éclairent, par l’animal proche, sur ce qu’est l’homme. Cette<br />

recherche en cours tend, actuellement et pour faire bref, à montrer que l’équipement, la<br />

formation et les figures construites de la profession, du produit et de l’animal ainsi que des<br />

racines paysannes supputées ou réelles influent sur ce qu’est le lien et ce qu’il implique.<br />

330. Nicu, ingénieur agronome retraité, 68 ans, Maureni, novembre<br />

2002.<br />

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