Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

On signale également la présence, aux environs de la
saline de Slatina, près de Clit, d’une population de roumains
(appelés băjenari), eux aussi immigrés, qui auraient
été poussés vers l’est, à la fin du XVIIIe siècle, fuyant leur
Transylvanie d’origine pour des raisons de persécution religieuse
337 .
Un changement important de composition de la population
s’est produit au cours de la première moitié du XXe
siècle, suite aux déplacements de population des deux
grandes guerres et au changement de régime après 1945.
Sans entrer ici dans les détails de ce processus complexe,
constatons, en bref, l’état de la situation ethnolinguistique
de Clit telle qu’elle se présente aujourd’hui. Une communauté
ukrainienne subsiste et continue à parler sa langue,
tout en possédant une connaissance des deux autres langues
qui furent ou sont pratiquées au village: l’allemand et
le roumain. La communauté germanophone, quant à elle,
est en voie d’extinction. En effet, au début de la deuxième
guerre, en 1940, elle fut mobilisée par le régime nazi et
plus ou moins forcée de se rendre en Allemagne en tant
que main d’œuvre agricole. A la fin de la guerre, peu de
ces populations revinrent au village dont les maisons laissées
vides avaient été redistribuées lors de l’avènement
du régime communiste 338 . Ainsi, c’est pratiquement tout le
quartier de Dealul Ederii dont la composition s’est radicalement
modifiée, en accueillant désormais des populations
généralement roumaines venues d’autres coins du pays ou
Elle tire son nom du défrichement de la forêt (Waldlichtung a donné Lichtenberg).
La population (404 habitants en 1890) est originaire de Bohême et vit de
l’agriculture et des travaux forestiers“. (Eduard Fischer, Die Bukowina: topographische
beschreibung der siedelungen). Avant 1836, il y avait bien une colonie
allemande mais il s’agissait de Eichenau, dont le site semble avoir été abandonné
par la suite.
337. Ces informations, confirmées par notre enquête orale, se trouvent
également sur le site web http://www.crainou.ro.
338. Entre 1945 et 1989, durant le régime communiste, la majorité
des populations allemandes ayant émigré et ayant été expropriées, les
maisons vides ont été attribuées par le régime communiste à d’autres
populations de la région (notamment de Frătăuşi), surtout roumaines
mais aussi tsiganes.
303