Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

soulignent une nécessaire conjonction signifiante de gestes
cycliques plus que successifs ou découpés. Il y a un prolongement
entre les étapes: élever, tuer, préparer, manger
créent un lien identitaire entre l’animal et l’homme et entre
personnes.
Conclusion: Miasmes bon à penser donc à manger?
La nourriture est bonne à manger et à penser: cette formule
de C. Lévi-Strauss est classique. Pour l’héritier du gospodar
la nourriture est bonne si elle est incorporée trois fois:
– par la domestication faite de la nature via l’élevage, le
jardinage. La domestication alimentaire est une forme
d’échange, de contrat entre l’éleveur et l’animal: le premier
soigne le second, sur lequel, en retour, il a un droit
d’accès à la chaire. La mort pour se nourrir est légitimée
par le soin, le travail ;
– par la cuisine, qui permet de passer du registre naturel
à la culture ;
– et enfin par la consommation partagée, qui permet
l’alterophagie de la nature domestiquée et de l’étranger.
Chez Bibiana ou Nicu, on se mange car on est mangé par
le soin octroyé qui permet un droit de préhension sur la
nature et crée du lien au village par les échanges de nourriture
et autres services. Même si celui-ci est loin d’être
égalitaire, ce lien n’en demeure pas moins réciproque selon
la formule maussienne (1950) de la trilogie du don: donner,
recevoir, rendre (Mauss, 1950). Le paysan donne à la
nature, il en reçoit un produit qu’il rend à autrui et à la
nature en maintenant et renouvelant le lien. Un endettement
réciproque se maintient et fonde l’identité. Produire,
préparer et consommer sont ainsi une fabrique identitaire
où s’opposent, se rencontrent et se nouent rupture et changement.
La nature domestiquée de la gospodărie s’oppose
à la culture industrielle. Sans nécessairement défendre ou
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