15.01.2014 Views

Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

Noi culturi, noi antropologii - Humanitas

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

d’une „conscience nationale“. Pour cela, il y faut „un cimetière<br />

et un enseignement d’histoire“.<br />

Ainsi, constate Detienne, „dans les incantations barrésiennes<br />

s’opère une sorte d’extension de la terre cimétériale<br />

à l’ensemble du Terroir de la France. 346 “. L’auteur rappelle<br />

que, d’un point de vue historique, la notion d’„autochtonie“<br />

(„né de la terre même“) fut inventée par les Athéniens vers<br />

le milieu du Ve siècle avant J.C. On y associa la pratique de<br />

„prononcer devant les cercueils alignés de leurs „morts-àla-guerre“<br />

un discours, une oraison en forme d’éloge de la<br />

cité.. „(…) L’idée est forte et promise à un avenir radieux. En<br />

Attique, toutefois, elle dure un siècle à peine“ 347 .<br />

Et c’est Barrès qui lui donnera une deuxième vie. Et si<br />

l’expression „raciné“ de Barrès est restée „confidentielle“,<br />

c’est devant le succès d’un triomphant „de souche“, cultivé<br />

par la Droite et son Extrême“, précise encore Detienne 348 .<br />

Mourir pour la patrie.<br />

Si „la terre et les morts“ de Barrès renvoient plus généralement<br />

aux ancêtres et à leur mémoire, cette mythologie<br />

chthonienne conduit également au thème des „lieux de<br />

mémoires“ 349 . Et Detienne de se poser la question, en comparatiste<br />

convaincu, de la place réservée à la „Terre“ dans<br />

les mythologies:<br />

Une approche plus résolument critique et, qui sait?, comparative<br />

conduirait à se demander dans quelle vision singulière on<br />

en vient à faire de la „terre“ un „lieu de mémoire“ à côté de<br />

„Mourir pour la patrie“ 350 .<br />

346. Ibidem, p. 101.<br />

347. Ibidem, p. 27.<br />

348. Ibidem, p. 25.<br />

349. On connaît désormais le travail „monumental“ que l’historien<br />

Pierre Nora a consacré à ce sujet. Voir Nora, P., op. cit.<br />

350. Detienne, M., op. cit., p. 120.<br />

310

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!