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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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MOL<br />

milieu de ces scènes d'extravagance,<br />

le premier président conservait un<br />

calme inaltérable, qui bravait tous<br />

les dangers <strong>et</strong> désolai les factieux. Il<br />

prévoyait que ce feu si ardent s'étein-<br />

drait aussitôt que l'ennui d'une agita-<br />

lion sans but , La lassitude de sacri-<br />

fices exorbitants , <strong>et</strong> la mésintelli-<br />

gence des chefs, auraient ramené' les<br />

esprits à des pensées plus raisonna-<br />

bles. Tous ces présages ne tardèrent<br />

pas à se vérifier. Les faits d'armes , si<br />

l'on excepte la prise ;de Charcnton ,<br />

furent peu dignes du héros de Lens<br />

<strong>et</strong> de Rocroi. Lorsqu'il s'agit de négo-<br />

cier , Mole fut encore un des députes,<br />

<strong>et</strong> les conférences s'ouvrirent à Ruel.<br />

Le devoir des députés les mit souvent<br />

dans une fausse position; ils étaient<br />

obligés de dissimuler tantôt les ré-<br />

ponses ou malveillantes ou tortueu-<br />

ses des ministres , tantôt les pré-<br />

tentions excessives des frondeurs.<br />

Les absences de Mole laissaient un<br />

champ trop libre aux intrigues du<br />

coadjuteur, dans les délibérations du<br />

parlement; <strong>et</strong> d'un autre côté sa pré-<br />

sence eût été continuellement néces-<br />

saire à Ruel , pour y combattre les<br />

obstinations de la reine, la fierté de<br />

Condé, <strong>et</strong> les astuces du cardinal. Cependant<br />

on menaçait der<strong>et</strong>ircrlcspou-<br />

voirs aux députés. Une autre consi-<br />

dération importante mit les négocia-<br />

teurs dans la nécessité de brusquer,<br />

pour ainsi dire, la signature des arti-<br />

cles : ee fut la crainte de voir les<br />

oppositions du parlement appuyées<br />

par les talents de Turenne, <strong>et</strong> par les<br />

secours des Espagnols , avec lesquels<br />

le coadjuteur n'avait cessé d'entr<strong>et</strong>enir<br />

ses coupables intrigues. Le<br />

traité fut donc conclu, Ic3i mars,<br />

souscrit par tous les princes , par<br />

tous les ministres, <strong>et</strong> même par le<br />

cardinal , malgré l'opposition des<br />

députés, qui prévoyaient bien qu'un<br />

MOL<br />

tel nom ne manquerait pas d'ex-<br />

citer de nouveaux orages. Les fron-<br />

deurs furent outrés : ce qui les<br />

exaspérait davantage, c'était l'oubli<br />

des intérêts des généraux, qu'on s'était<br />

contenté de comprendre dans<br />

une amnistie, sans leur accorder<br />

aucune faveur. Aussi , lorsque Mole<br />

apporta le traité au parlement, la<br />

fureur était à son comble : jamais<br />

séance ne fut plus tumultueuse. Aux<br />

reproches outrageants des conseil-<br />

lers-frondeurs, se joignirent les vo-<br />

ciférations d'une foule de peuple<br />

dont le coadjuteur n'avait pas manqué<br />

d'encombrer les salles du palais.<br />

Les mutins voulaient qu'on leur li-<br />

vrât le traité pour brûler la signa-<br />

ture de Mazarin , <strong>et</strong> qu'on pendît<br />

les députés, ou qu'on les désavouât.<br />

Enfin, on se contenta d'arrêter que<br />

ces députés r<strong>et</strong>ourneraient à Ruel,<br />

pour traiter des prétentions des généraux.<br />

Au milieu de ces mouvements<br />

désordonnés, Mole fut le seul<br />

sur le visage duquel on n'aperçut<br />

aucune altération. Il recueillit les<br />

voix , prononça l'arrêt avec un calme<br />

, une présence d'esprit presque<br />

surnaturels; « ce qui est , dit Gondi ,<br />

» quelque chose de plus grand que<br />

» la ferm<strong>et</strong>é. » Le véritable danger<br />

l'attendait au sortir de la grand'<br />

chambre. Les chefs des factie<br />

qui, tout en le haïssant, ne pouvaient<br />

s'empêcher de l'estimer, ou qu'une<br />

espèce de honte r<strong>et</strong>enait encore, lui<br />

proposaient de r<strong>et</strong>ourner chez lui<br />

par les greffes. « Jamais la cour ne<br />

» se cache, leur répondit-il; si j'é-<br />

» tais assuré de périr, je ne comm<strong>et</strong>-<br />

» trais pas c<strong>et</strong>te lâch<strong>et</strong>é, qui de plus<br />

» ne servirait qu'à donner de la har-<br />

» diesse aux séditieux. » Le coadju-<br />

teur le conjurait au moins d'attendre<br />

qu'il eût parlé aux mutins pour les<br />

apaiser : « Eh! mon bon sei gneur,<br />

,<br />

I

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