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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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5oG MON<br />

du fond de sa r<strong>et</strong>raite, à remuer le<br />

monde eu composant des livres ;<br />

s iî faut renoncera ces fonctions<br />

publiques qui exigent qu'on exerce<br />

par la parole une influence journa-<br />

lière sur les hommes. Montesquieu ,<br />

libre désormais de s'adonner tout<br />

entier à la philosophie <strong>et</strong> aux l<strong>et</strong>tres,<br />

se présenta comme candidat pour la<br />

place vacante à l'académie française<br />

par la mort de M. de Sacy ; mais le<br />

cardinal de Fleury écrivit à l'académie,<br />

que le roi avait déclaré qu'il<br />

ne donnerait point son approbation<br />

à la nomination de l'auteur d'un ouvrage<br />

dans lequel se trouvaient des<br />

sarcasmes impies. « Alors, dit Vol-<br />

» taire, Montesquieu prit un tour<br />

» fort adroit pour m<strong>et</strong>tre le ministre<br />

» dans ses intérêts : il fit faire en<br />

» peu de jours une nouvelle édition<br />

» de son livre dans lequel on rctran-<br />

» cha ou on adoucit tout ce qui pou-<br />

:> vait être condamné par un cardi-<br />

» nal ou par un ministre. M. de<br />

» Montesquieu porta lui-même l'ou-<br />

» vrage an cardinal, qui ne lisait<br />

» guère, <strong>et</strong> qui en lut une partie : c<strong>et</strong><br />

» air de confiance , soutenu par l'em-<br />

» pressentent de quelques personnes<br />

» en crédit , ramena le cardinal, <strong>et</strong><br />

» Montesquieu entra à l'académie. »<br />

C<strong>et</strong>te anecdote, insérée dans un ouvrage<br />

sérieux, le Siècle de Louis<br />

XIV, <strong>et</strong> attestée par le plus célèbre<br />

des contemporains de Montesquieu,<br />

à une époque où la plupart des amis<br />

de c<strong>et</strong> homme illustre vivaient en-<br />

core, <strong>et</strong> qu'aucun d'eux n'a contredite^<br />

été rej<strong>et</strong>ée parles biographes<br />

<strong>moderne</strong>s , comme tout-à-fait invrai-<br />

semblable. Ils assurent au contraire,<br />

que Montesquieu n'usa point d'un<br />

détour, selon eux, peu digne de lui;<br />

qu'il ne voulut rien désavouer dans<br />

ses L<strong>et</strong>tres persanes, <strong>et</strong> qu'il fut<br />

'hic de son admission aux iiis-<br />

MON<br />

tances du maréchal d'Eslrées , son<br />

ami. Ceci n'est point exact. Montes-<br />

quieu tenait au moins autant à la<br />

considération due à sa naissance , a<br />

son rang dans le monde, qu'à sa renommée<br />

littéraire; il fut à -la-fois<br />

consterné <strong>et</strong> offensé du refus du roi<br />

<strong>et</strong> de son ministre, <strong>et</strong> surtout des<br />

motifs de ce refus , qui était une sorte<br />

de réprobation de l'autorité royale ,<br />

relativement à lui <strong>et</strong> sa famille. « Il<br />

•» déclara au gouvernement, ditd'A-<br />

» lembert, qu'après l'espèced'oulra-<br />

» ge qu'on allait lui faire, il irait cher-<br />

» cher chez les étrangers, qui lui ten-<br />

» daicntlcsbras, la sûr<strong>et</strong>é, le repos, <strong>et</strong><br />

» peut-être les récompenses qu'il au-<br />

« rait du espérer dans son pays. »<br />

Mais en ressentant d'une manière noble<br />

<strong>et</strong> ferme l'affront dont il était me-<br />

nacé, Montesquieu n'en reconnaissait<br />

pas moins ses torts; <strong>et</strong> il est certain<br />

qu'il désavoua d'une manière quelconque<br />

les l<strong>et</strong>tres de son ouvrage qui<br />

fournissaient un motif légitime pour<br />

l'écarter d'une compagnie, dont, par<br />

son institution, le roi était protec-<br />

teur. Montesquieu ne fit rien en cela,<br />

quoi qu'on en ait dit, qui fût indigne<br />

de la franchise de son caractère. Jamais<br />

il ne s'était formellement dé-<br />

claré l'auteur des L<strong>et</strong>tres persanes.<br />

Quand il fut pressé de les désavouer,<br />

il put, en se refusant à c<strong>et</strong>te démarche<br />

, désavouer cependant celles de<br />

ces l<strong>et</strong>tres qui n'étaient plus conformes<br />

à ce qu'il aurait pensé <strong>et</strong> écrit,<br />

lorsqu'on l'interpella sur ce suj<strong>et</strong>. La<br />

preuve que tel était son sentiment, se<br />

trouve dans les ouvrages qu'il a pu-<br />

bliés depuis , qui contiennent des élo-<br />

ges sincères de la religion chrétienne,<br />

<strong>et</strong> dans les démarches qu'il fit auprès<br />

des libraires qui réimprimaient<br />

ses L<strong>et</strong>tres persanes, pour qu'ils en<br />

fissent disparaître ce qu'il appelait<br />

ses Jweniiia, D'A lembert, daus

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