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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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5io MON<br />

autre morceau du même genre, plus<br />

court encore , mais non moins remarquable,<br />

est celui de Lysimaque:<br />

Montesquieu, dans c<strong>et</strong> e'erit, a peint,<br />

d'une manière sublime , c<strong>et</strong>te philo-<br />

sophie desStoïcicns, qui élevait l'homme<br />

au-dessus des faiblesses de sa na-<br />

ture , <strong>et</strong> qui lui faisait braver a vec j oie,<br />

<strong>et</strong> même avec orgueil , les cruautés<br />

des tyrans <strong>et</strong> les injustices du sort. Ce<br />

morceau fut envoyé, en 17^1 , au<br />

roi Stanislas, qui avait écrit à Mon-<br />

tesquieu une l<strong>et</strong>tre flatteuse au suj<strong>et</strong><br />

• le sa nomination à l'académie de<br />

Nanci. Les Considérations sur la<br />

grandeur <strong>et</strong> la décadence des Romains<br />

ne faisaient connaître qu'un<br />

seul peuple ; <strong>et</strong> Montesquieu s'était<br />

depuis long- temps, attaché à les<br />

étudier tous ,<br />

à découvrir les causes<br />

des révolutions qui avaient successivement<br />

changé la face du monde,<br />

<strong>et</strong> à rechercher l'explication des lois<br />

<strong>et</strong> des coutumes qui avaient contribué<br />

à la prospérité des nations , ou<br />

causé leur décadence. Le succès du<br />

traité sur le peuple romain, qui n'é-<br />

tait , en quelque sorte , qu'une por-<br />

tion détachée du vaste plan qu'il<br />

avait conçu , ne fit qu'accroître son<br />

ardeur pour l'exécution d'une si<br />

haute entreprise. Il y travailla encore<br />

quatorze ans. Tantôt il lui semblait<br />

qu'il avançait à pas de géant, tantôt<br />

qu'il reculait, à cause de l'immensité<br />

de la carrière qui lui restait à par-<br />

courir : « Enfin, dit-il , dans le cours<br />

de <strong>vingt</strong> années , je vis mon ouvrage<br />

commencer , croître , s'avancer <strong>et</strong><br />

finir. » Avant délivrer à l'impression<br />

c<strong>et</strong>te production, qu'il intitula, De<br />

V Esprit des Lois , Montesquieu crut<br />

devoir consulter un de. ses amis in-<br />

times , dont il estimait le talent <strong>et</strong> les<br />

lumières , <strong>et</strong> il lui envoya son manus-<br />

crit. C<strong>et</strong> ami était Helvétius , qui<br />

après en avoir pris lecture, fut pro-<br />

,<br />

MOtf<br />

digieusement alarmé des dangers<br />

que courait la réputation de Montesquieu<br />

? s'il m<strong>et</strong>tait au jour une pro-<br />

duction aussi défectueuse. Helvétius<br />

en fut si peu satisfait , qu'il n'osa pas<br />

d'abord écrire à Montesquieu ce<br />

qu'il en pensait; <strong>et</strong> il le pria de vouloir<br />

lui perm<strong>et</strong>tre de communiquer<br />

le manuscrit qu'il lui avait, envoyé<br />

à un ami commun : c'était Saurin,<br />

auteur de Spartacus. Celui-ci porta<br />

sur Y Esprit des Lois le même jugement<br />

qu'Helvétius. Suivant eux, en<br />

faisant paraître ce livre , le célèbre<br />

auteur des L<strong>et</strong>tres persanes, dépouillé<br />

désormais de son titre de<br />

sage <strong>et</strong> de législateur , ne devait plus<br />

paraître aux yeux du public éclairé<br />

qu'un homme de robe, un gentilhomme<br />

<strong>et</strong> un bel-esprit : « Voilà ,<br />

» écrivait Helvétius, ce qui m'afflige<br />

» pour lui <strong>et</strong> pour l'humanité qu'il<br />

» aurait pu mieux servir. » Il fut<br />

convenu entre les deux amis qu'Helvétius<br />

écrirait à Montesquieu , pour<br />

lui .rendre compte de ce qu'ils<br />

avaient éprouvé à la lecture de son<br />

manuscrit, pour l'engager aie re-<br />

voir <strong>et</strong> à ne pas le publier dans l'état<br />

informe où il se trouvait. Saurin crai-<br />

gnit que Montesquieu ne fut offensé ;<br />

mais Helvétius s'empressa de rassurer<br />

Saurin en ces termes : « Soyez<br />

» tranquille ,<br />

nos avis ne l'ont point<br />

» blessé ; il aime dans ses amis la<br />

» franchise qu'il m<strong>et</strong> avec eux. H<br />

» souffre volontiers les discussions ;<br />

» il répond pardes saillies, <strong>et</strong> change<br />

» rarement d'opinions; je n'ai pas<br />

» cru, en lui exposant les nôtres,<br />

» qu'elles modifieraient les siennes ;<br />

» mais , quoi qu'il en coûte, il faut<br />

» être sincère avec ses amis. Quand<br />

» le jour de la vérité luit <strong>et</strong> détrompe<br />

» l'amour - propre , il ne faut pas<br />

» qu'ils puissent nous reprocher<br />

» d'avoir été moins sévères que lô<br />

,

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