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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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5.i G MON<br />

France, la l<strong>et</strong>tre suivante : « J'ai<br />

» envie de me pendre; mais je crois<br />

)> cependant que je ne me pendrais<br />

•» pas si j'avais cent ecus. » Montes-<br />

quieu lui répondit : « Je vous en-<br />

» voie cent ecus, mon cher Sully, ne<br />

» vous pendez pas <strong>et</strong> venez me voir.»<br />

Montesquieu était directeur de l'académie<br />

française, lorsque Piron se<br />

présenta pour y être admis : quand<br />

on sut à fa cour que ce poète était<br />

sur le point d'être élu, Montesquieu<br />

fut mande à Versailles , <strong>et</strong> le roi lui<br />

déclara qu'il ne voulait pas que Piron<br />

fût nommé. Montesquieu fit des démarches<br />

auprès de M 1" , de Pompadour,<br />

<strong>et</strong> obtint en dédommagement,<br />

pour l'auteur de la Métromanie , une<br />

pension de mille francs. La munifi-<br />

cence de Montesquieu ne s'exerçait<br />

pas seulement, sur les hommes à<br />

talents, mais encore sur ceux qui<br />

n'avaient d'autres titres à ses yeux<br />

que le malheur : au reste il cachait<br />

avec un soin extrême le bien qu'il<br />

faisait, par la crainte qu'on ne lui<br />

prêtât des motifs différents de celui<br />

qui le faisait agir ; sentiment trop<br />

commun chez les ames délicates,<br />

<strong>et</strong> cependant funeste à la société,<br />

puisque la vertu dérobe ainsi à<br />

elle-même , par pudeur , un de ses<br />

plus grands bienfaits, l'ascendant de<br />

sou exemple. Un hasard heureux a<br />

fait découvrir un des traits les plus<br />

touchants de la bienfaisance de Mon-<br />

tesquieu. Il allait souvent à Marseil-<br />

le, visiter sa sœur,M me .d'Héricourt.<br />

Se promenant un jour sur le port<br />

pour prendre le fiais, il est invité<br />

par un jeune matelot de bonne mine<br />

de préférence son bateau,<br />

pour un tour en mer. Dès<br />

qu'il<br />

[eau, Mon-<br />

• à la ma-<br />

e rainait,<br />

^'exerçait pas ce métier depuis<br />

,<br />

MON<br />

long-temps; il le questionne, <strong>et</strong>. I! apprend<br />

qu'il est joaillier de profession,<br />

qu'il se fait batelier les fêtes <strong>et</strong> les dimanches<br />

pour gagner quelque argent<br />

<strong>et</strong> seconder les efforts de sa mère <strong>et</strong> de<br />

ses sœurs \ que tous quatre travaillent<br />

<strong>et</strong> économisent pour amasser<br />

deux mille écus, <strong>et</strong> rach<strong>et</strong>er leur père<br />

, esclave à T<strong>et</strong>ouan. Montesquieu,<br />

touché du récit de ce jeune homme<br />

<strong>et</strong> de l'état de c<strong>et</strong>te famille intéressante,<br />

s'informe du nom du père, du<br />

nom du maître auquel il appartient.<br />

II se fait conduire à terre , donne à<br />

son batelier sa bourse, qui contenait<br />

seize louis d'or <strong>et</strong> quelques ecus ,<br />

s'échappe. Six semaines après , le<br />

père revient dans sa maison. Il juge<br />

bientôt à L'étonnement des siens, qu'il<br />

ne leur doit pas sa liberté, comme il<br />

l'avait cru d'abord ; <strong>et</strong> il leur apprend<br />

que , non-seulement on l'a ra<br />

ch<strong>et</strong>é, mais qu'encore, après avoir<br />

pourvu aux frais de son habillement<br />

<strong>et</strong> de son passage, on lui a remis<br />

une somme de cinquante louis. Le<br />

jeune homme alors soupçonne m»<br />

nouveau bienfait de l'inconnu , <strong>et</strong> se<br />

m<strong>et</strong> en devoir de le chercher. Après<br />

deux ans d'inutiles démarches , il le<br />

rencontre par hasard dans la rue, se<br />

précipite à ses genoux, le conjure ,<br />

les larmes aux yeux, de venir partager<br />

la joie d'une famille au bonheur<br />

de laquelle il ne manque<br />

de pouvoir jouir de la présence<br />

de son bienfaiteur, <strong>et</strong> de lui exprimer<br />

toute sa reconnaissance. Mon-<br />

tesquieu reste impassible, ne veut<br />

convenir de rien <strong>et</strong> s'éloigne, à la faveur<br />

de la foule qui l'entourait. Celte<br />

Lelle action serait toujours restée<br />

ignorée, si les gens d'affaires de Mon-<br />

tesquieu n'eussent trouvé, après sa<br />

mort , une note écrite de sa main, in-<br />

diquant qu'une somme de 7^00 fr«<br />

avait été envoyée par lui à M. Main y<br />

<strong>et</strong>

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