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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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MON<br />

sa conscience, il a rendu justice à<br />

tir de Y Esprit des lois ; <strong>et</strong> c'est<br />

hù qui disait : « Le genre humain<br />

» avait perdu ses titres; M. de Mon<br />

» tesqtiieu les a r<strong>et</strong>rouvés , <strong>et</strong> les lui<br />

» a rendus. » Éloge magnifique, qui<br />

rachète <strong>et</strong> efface bien des épigrammes.<br />

Au reste, c'était seulement dans<br />

la conversation ou dans l'intimité<br />

d'un commerce familier, que Mon-<br />

tesquieu laissait é happer le secr<strong>et</strong><br />

de ses pensées sur Voltaire <strong>et</strong> sur les<br />

hommes de l<strong>et</strong>tres de son temps. Jamais<br />

il n'écrivit contre aucun d'eux;<br />

la dignité <strong>et</strong> la sagesse de sa conduite<br />

étaient l'eff<strong>et</strong> de la modération de ses<br />

passions, aussi bien qu'un des résul-<br />

tats de la réflexion. « Ma machine,<br />

» dit- il, est si heureusement cons-<br />

que je suis frappé de tous<br />

» truite ,<br />

» les obj<strong>et</strong>s assez vivement , pour<br />

•» qu'ils puissent me donner du plai-<br />

» sir , pas assez pour qu'ils puissent<br />

» me donner de la peine. J'ai été<br />

» dans ma jeunesse, dit - il encore ,<br />

» assez heureux pour m'altacher à<br />

» des femmes que j'ai cru qui m'ai-<br />

» maient ; <strong>et</strong> dès que j'ai cessé de<br />

» le croire, je me suis détaché sou-<br />

» dain. » Ailleurs il s'étonne d'avoir<br />

encore pu éprouver de l'amour à<br />

trente-cinq ans. Avec des sens si tem-<br />

pérés, tant de calme dans le caractère<br />

, tant de vertus , de génie <strong>et</strong> de<br />

lumières, un rang honorable, une<br />

belle fortune ,<br />

une réputation écla-<br />

tante <strong>et</strong> incontestée , <strong>et</strong> sans aucune<br />

peine domestique ,<br />

Montesquieu dut<br />

cire heureux : aussi le fut - il. « Je<br />

v n'ai , dit - il , presque jamais eu<br />

v de chagrin, encore moins d'ennui.<br />

v Je m'éveille le matin avec une joie<br />

v secrète de voir la lumière ; je<br />

» vois la lumière avec une espèce<br />

» de ravissement , <strong>et</strong> tout le reste<br />

» du jour je suis content : je pas.se<br />

» la nuit sans m'éveiller* <strong>et</strong> le soir,<br />

-<br />

MON<br />

» quand je suis au lit, une espèce d'en-<br />

» gourdissement m'empêche de faire<br />

» des réflexions. » Ainsi que nous l'avons<br />

remarqué, ce bonheur dont<br />

Montesquieu a joui, il le dut en par-<br />

tie à son goût pour le travail , qui<br />

sembla s'accroître en lui , après qu'il<br />

eut publié Y Esprit des fois. Son se-<br />

crétaire ne pouvant seul suffire à sou<br />

lager ses yeux affaiblis, il se faisait<br />

lire par une de ses filles ; c'était<br />

celle qu'il maria depuis à M. de Se-<br />

condât , d'Agen, d'une autre branche<br />

de sa maison , afin que ses biens<br />

restassent dans sa famille, en cas<br />

que son fils , qui était marié de-<br />

puis plusieurs années , continuât à<br />

n'avoir point d'enfants. Mademoiselle<br />

de Montesquieu avait, comme<br />

son père , un esprit vif <strong>et</strong> enjoué ; <strong>et</strong><br />

elle égayait les savantes mais en-<br />

nuyeuses lectures, qu'elle était obligée<br />

de faire, par des mots plaisants <strong>et</strong><br />

sur les hommes <strong>et</strong> sur les choses.<br />

Montesquieu, sollicité pard' Alembert<br />

<strong>et</strong> par le chevalier de Jaucourt , con-<br />

sentit , après avoir terminé V Esprit<br />

des lois , à travailler à l'Encyclopédie<br />

; <strong>et</strong> c'est pour ce vaste monument<br />

littéraire, qu'il composa Y Essai sur<br />

le Goût. Ce p<strong>et</strong>it ouvrage, laissé im-<br />

parfait, <strong>et</strong> qui ne fut imprimé qu'a-<br />

près sa mort , prouve que sa tête<br />

méditative était aussi propre à dé-<br />

couvrir les principes des beaux- arts<br />

<strong>et</strong> de la littérature que ceux des lois<br />

<strong>et</strong> des gouvernements ; mais s'il avait<br />

vécu, il aurait fait disparaître l'obs-<br />

curité de plusieurs passages de ce<br />

p<strong>et</strong>it écrit , les répétitions <strong>et</strong> les<br />

phrases incorrectes ou embarrassées<br />

qui le déparent. Nous avons publié ,<br />

daus les Archives littéraires ( n ,<br />

3o i<br />

) , quatre chapitres inédits de<br />

c<strong>et</strong> essai, d'après un manuscrit au-<br />

tographe. On a depuis inséré ces<br />

charuîrcs dans toutes les éditions

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