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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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3f2 MOL<br />

gence ne fut marquée par aucune<br />

perfidie, par aucun mauvais procède,<br />

<strong>et</strong> ils rendaient mutuellement justice<br />

à leur talent. Molière avait beaucoup<br />

d'autres ennemis ; mais c'était de<br />

ceux dont la haine est honorable. Il<br />

y en avait de la ville <strong>et</strong> de la cour.<br />

Ceux-ci étaient des sots qui ne pou-<br />

vaient lui pardonner de les avoir<br />

immoles sur la scène; ceux-là, des<br />

envieux qui lui pardonnaient encore<br />

moins de les y avoir éclipsés. D'odieux<br />

libelles décrièrent s s senti-<br />

ments <strong>et</strong> ses mœurs. Plus d'une fois<br />

,<br />

pour le mieux diffamer , on imagina<br />

de publier , sous son nom , les plus<br />

condamnables écrits. Mais la cons-<br />

tante faveur du roi le soutint contre<br />

tant d'attaques furieuses ou perfides;<br />

c<strong>et</strong>te faveur assura le repos de sa<br />

personne , comme elle protégea la<br />

gloire de ses ouvrages. L'ame de<br />

Molière semblait être au niveau de<br />

«on génie ; il n'y en avait pas une<br />

plus droite , une plus élevée , une<br />

plus généreuse. La contemplation<br />

habituelle des vices <strong>et</strong> des travers de<br />

l'humanité, ne hù avait fait ni haïr<br />

ni mépriser les hommes ; il croyait<br />

à leurs vertus , voyait avec indul-<br />

gence leurs faiblesses, avec joie leur<br />

bonheur , avec compassion leur misère.<br />

Un pauvre comédien, nommé<br />

Mondorge , qui avait été son camarade<br />

en province , vint un jour chez<br />

lui pour solliciter quelque secours.<br />

Comme , dans son pileux accoutrement<br />

, il n'osait se présenter luimême<br />

, Baron se chargea de sa<br />

supplique. // est vrai, dit Molière,<br />

que nous avons joué la comédie<br />

ensemble : c'est un fort honnête<br />

homme , <strong>et</strong> je suisfâché que ses p<strong>et</strong>ites<br />

affaires soient en si mauvais<br />

état. Que croyez-vous que je doive<br />

lui donner? — Quatre pisl oies, ré-<br />

pondit en hésitant Baron.— Je vais<br />

MOL<br />

lui donner quatre pistoles pour moi ,<br />

répliqua Molière ; en voilà <strong>vingt</strong><br />

que vous lui donnerez pour vous. 11<br />

se fait présenter Mondorge , l'accueille<br />

affectueusement , <strong>et</strong> joint au<br />

don de l'argent celui d'un magnifique<br />

habit de théâtre, dont il prétend<br />

n'avoir plus besoin. Un autre jour il<br />

avait fait l'aumône à un pauvre. Un<br />

instant après , le pauvre court après<br />

lui , <strong>et</strong> lui dit : Mpnsieur, vous n'a-<br />

viez peut <strong>et</strong> re pas dessein de me donner<br />

un louis d'or ; je viens vous le<br />

rendre. — Tiens ,<br />

mon ami, lui dit<br />

Molière , en voilà un autre ; <strong>et</strong> il<br />

s'écrie : Où la vertu va-t- elle se nicher<br />

? C<strong>et</strong>te exclamation fameuse<br />

n'est pas celle d'un riche insolemment<br />

surpris <strong>et</strong> presque irrité de<br />

rencontrer quelque délicatesse sous<br />

les haillons de la misère ; c'est celle<br />

d'un philosophe humain, qui sent<br />

profondément combien la probité ,<br />

devoir facile pour l'homme opulent,<br />

quand elle ne lui commande pas de<br />

trop grands sacrifices , est une vertu<br />

pénible <strong>et</strong> méritoire dans l'homme<br />

indigent, qui toujours lui immole ses<br />

propres besoins <strong>et</strong> ceux de sa famille.<br />

Molière était justement chéri <strong>et</strong> honoré<br />

des comédiens qui composaient<br />

sa troupe. Aucun sacrifice ne lui<br />

coûtait pour assurer leur existence<br />

<strong>et</strong> servir leurs intérêts. Nous l'avons<br />

vu, au commencement de sa carrière,<br />

refuser de s'attacher à un prince du<br />

sang, en partie pour ne pas se sépa-<br />

rer d'eux. Plus d'une fois , subordonnant<br />

son goût <strong>et</strong> le soin de sa<br />

gloire à l'avantage de son théâtre ,<br />

il descendit à traiter des suj<strong>et</strong>s plus<br />

populaires , pour lui procurer de<br />

plus abondantes rec<strong>et</strong>tes. Parvenu<br />

au faîte de la célébrité <strong>et</strong> comblé des<br />

biens de la fortune, ses amis le<br />

pressaient de renoncer à l'action<br />

théâtrale , si contraire à l'état de sa

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