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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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MIL<br />

il faut avouer que dans ces discours<br />

infernaux l'expression poétique est<br />

portée à un degré de force <strong>et</strong> d'éner-<br />

gie qu'aucune langue n'a peut-être<br />

égalé. Un écrivain célèbre reproche<br />

à M il ton de n'avoir pas complété<br />

l'image de l'enfer, en m<strong>et</strong>tant la di-<br />

vision <strong>et</strong> la guerre parmi les anges<br />

rebelles, comme l'a fait Klopstock<br />

dans une belle fiction de sa Afesnade.<br />

Mais dans le plan du poème anglais,<br />

rien n'est pins terrible que c<strong>et</strong>te concorde<br />

du cri aie :<br />

elle accroît l'hor-<br />

reur des lieux qu'il habite. Mil ton<br />

avait approché ces niveleurs , qui<br />

couvrirent de sang l'Angl<strong>et</strong>erre ;<br />

avait vu ces âmes obstinées , féi oces<br />

avec fanatisme , profondément unies<br />

par la haine: il les avait vues, <strong>et</strong><br />

l'empreinte en restait sur son génie ;<br />

elle se communiquait involontairement<br />

à ses tableaux , <strong>et</strong> mêlait à tou-<br />

tes les images de terreur <strong>et</strong> d'effroi, la<br />

fureur unanime <strong>et</strong> l'invariable com-<br />

plicité d'une faction. Les ressources<br />

que le poète a d'ailleurs puisées dans<br />

son génie pour peindre le séjour in-<br />

fernal, sont au rang des plus étonnants<br />

efforts de l'imagination hu-<br />

maine. Un critique anglais a dit que<br />

Milton avait connu sa force en choi-<br />

sissant un suj<strong>et</strong> où l'esprit ne peut<br />

rien hasarder de trop, <strong>et</strong> où l'excès<br />

est impossible. En eff<strong>et</strong> , voyez , au<br />

premier chant , les voûtes de l'abîme<br />

s'ouvrir , <strong>et</strong> , à travers les ténèbres<br />

visibles, Satan apparaître sur l'étang<br />

de feu, avec la splendeur éclipsée<br />

d'un archange. Jamais poète n'a osé<br />

dès l'abord saisir l'imagination par<br />

de si grandes fictions. C<strong>et</strong> enthou-<br />

siasme anime tout le premier chant ;<br />

il se soutient dans le second par l'é-<br />

loquence <strong>et</strong> la variété des diséours.<br />

Il devient plus merveilleux, (tans la<br />

iption du voyage de Satan à<br />

travers le chaos, l'une des inven-<br />

il<br />

MIL<br />

5 1<br />

tions où l'emploi de la langue humaine<br />

paraît le plus étonnant j<br />

l'inspiration s'élève <strong>et</strong> monte à son<br />

plus haut degré , en approchant<br />

dÉden, où le beau feu du poèie s'épure<br />

sans s'affaiblir, <strong>et</strong> j<strong>et</strong>te une si<br />

douce lumière. Si les autres parties<br />

du poème égalaient les einq premiers<br />

chants , si ces ailes de feu soutenaient<br />

toujours le poète, l'imagination n'au-<br />

rait rien produit de plus grand çpie le<br />

Paradis perdu; <strong>et</strong> quelles que soient<br />

les langueurs <strong>et</strong> les disparates qui se<br />

fassent sentir daus le reste de l'ou-<br />

vrage , il y règne encore un genre de<br />

beauté qui r ichète toutes les fautes :<br />

c'est le sublime. Nul poète, depuis<br />

Homère , n'a eu plus de ce vrai subiime,<br />

qui consiste , soit dans la magnificence<br />

<strong>et</strong> la splendeur des images,<br />

soit dans le plus haut degré de<br />

grandeur <strong>et</strong> de simplicité réunies.<br />

Sans doute les livres saints ouvraient,<br />

à Milton une source abondante <strong>et</strong> fa-<br />

cile ; mais il semble plutôt inspiré<br />

qu'enrichi par ce qu'il emprunte ;<br />

l'on voit que son génie tendait natu-<br />

rellement au grand <strong>et</strong> au sublime.<br />

Sous ce rapport , le Paradis perdu<br />

fournirait des exemples pour un trai-<br />

té tel que celui de Longin. Comme ic<br />

style ne se sépare point du génie<br />

même de l'écrivain , on conçoit sans<br />

peine les différants caractères de celui<br />

de Milton : il est hardi , nouveau<br />

majestueux, excessivement p«u Ûque,<br />

quelquefois d'une extrême simplici-<br />

té , <strong>et</strong> quelquefois bizarre , pénible <strong>et</strong><br />

prosaïque. La recherche des termes<br />

vieillis, l'imitation des tours hébreux<br />

<strong>et</strong> helléniques lui donnent quelque<br />

chose d'antique <strong>et</strong> de solennel, qui<br />

convient a l'inspiration du barde su-<br />

cré. Les règles a utgaires du lai<br />

y sont parfois violées. Notre lan<br />

clit kAaisovi y fléchissait sous son gé-<br />

nie j<br />

,<br />

<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> Joluis'm va jusqu'à dire qiuj

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