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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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5i4 MiDN<br />

rindignation. L'apparition d'un li-<br />

vre du genre <strong>et</strong> du mérite de Y Esprit<br />

des lois est un événement dans l'histoire<br />

politique <strong>et</strong> littéraire , dont on<br />

doit r<strong>et</strong>racer les eff<strong>et</strong>s. A l'époque où<br />

il fut publié, les progrès de l'indus-<br />

trie <strong>et</strong> l'accroissement de la popula-<br />

tion en Europe, le développement ra-<br />

pide du commerce des Européens <strong>et</strong><br />

descolonies européennes dans les deux<br />

mondes, avaient amené dans la plupart<br />

des états de c<strong>et</strong>te partie du<br />

globe des changements successifs ,<br />

<strong>et</strong> bouleversé presque entièrement<br />

les rapports qui existaient autrefois<br />

entre les divers ordres de citoyens.<br />

J a puissance n'était plus le résultat<br />

immédiat des richesses <strong>et</strong> de l'in-<br />

fluence , <strong>et</strong> ne pouvait plus s'appuyer<br />

que sur les institutions : l'obéissance<br />

avait cessé d'être la conséquence né-<br />

cessaire de la dépendance , <strong>et</strong> de-<br />

vait être exigée au nom des lois. Ces<br />

institutions <strong>et</strong> ces lois, qui n'étaient<br />

que l'expression d'un ordre de choses<br />

que !e temps avait ou altéré ou aboli<br />

ne se trouvant plus en harmonie avec<br />

les mœurs, les habitudes <strong>et</strong> les inté-<br />

rêts de la société, gênaient également<br />

les gouvernements dont elles consti-<br />

tuaient les seuls moyens de pouvoir,<br />

<strong>et</strong> les peuples dont elles étaient les<br />

seules garanties contre les troubles<br />

<strong>et</strong> les désordres. Tous les esprits sen-<br />

taient la nécessité de modifier les<br />

constitutions des états; <strong>et</strong> l'on conçoit<br />

avec quelle avidité dut être lu, à une<br />

telle époque, un livre qui présentait<br />

le résumé, de l'expérience des siècles<br />

sur la science de la législation <strong>et</strong> du<br />

gouvernement. Mais l'eff<strong>et</strong> de ce<br />

livre fut différent dans les différents<br />

pays, selon la situation ou ils se<br />

trouvaient. C'est en Angl<strong>et</strong>erre que<br />

l'ouvrage de Montesquieu eut <strong>et</strong> ob-<br />

tient encore la plus forte influence ;<br />

<strong>et</strong> c'est en France que c<strong>et</strong>te influence<br />

,<br />

MON<br />

fut <strong>et</strong> est encore la plus faible. Peut-<br />

être les Anglais doivent-ils en partie<br />

à Montesquieu, <strong>et</strong> à l'impulsion qu'il<br />

a donnée aux sciences politiques . d'avoir<br />

su faire habilement manœuvrer<br />

le vaisseau de l'état, entre les deux<br />

grands érueils de leur constitution ,<br />

une oligarchie tyrannique , <strong>et</strong> une<br />

démocratie turbulente. Aussi l' Esprit<br />

des lois fut en Angl<strong>et</strong>erre, dès qu'il<br />

parut, l'obj<strong>et</strong> d'une admiration qui<br />

ne trouva point de contradicteur ,<br />

<strong>et</strong> qui n'a cessé de s'accroître. Si<br />

c<strong>et</strong> ouvrage n'a pas produit un ef-<br />

f<strong>et</strong> aussi heureux <strong>et</strong> aussi puissant<br />

en France, ce n'est pas seulement<br />

parce que les esprits n'étaient point<br />

aussi éclairés sur ces matières; mais, il<br />

faut le dire , c'est aussi la faute de<br />

l'ouvrage <strong>et</strong> celle de l'auteur. Mon-<br />

tesquieu n'avait cherché qu'à éclaircir<br />

les âges obscurs de la monarchie<br />

française; <strong>et</strong> rnêtne le succès de ses<br />

efforts à c<strong>et</strong> égard est resté douteux ,<br />

<strong>et</strong> a été justement contesté. Il s'est<br />

arrêté à l'époque où il aurait pu<br />

s'appuyer sur des faits certains , <strong>et</strong><br />

commencer à présenter des résultats<br />

positifs, <strong>et</strong> des remèdes applicables<br />

aux maux qui tourmentaient alors<br />

l'état social en France , <strong>et</strong> dont il<br />

n'avait pas pressenti tout le dan-<br />

ger. Les nobles à la cause des-<br />

quels l'auteur de Y Esprit des lois se<br />

puisaient dans<br />

montrait favorable ,<br />

son livre ce qui devait exalter leurs<br />

prétentions, mais non pas ce qui<br />

devait les aider à conserver leurs<br />

droits réels, <strong>et</strong> à se procurer une<br />

existence solide. Le gouvernement<br />

de France y aurait en vain cherché<br />

des indications précises pour acquérir<br />

une vigueur nouvelle, en abandonnant<br />

ces formes du pouvoir ,<br />

que le temps emportait, <strong>et</strong> en saisis-<br />

sant les moyens de puissance que Je<br />

temps avait créés.Une autre cause qui

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