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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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MOL<br />

It nient exorbitantes, que ses ennemis<br />

l'accusaient d'aspirer même à la couronne.<br />

Feignant de croire qu'on vou-<br />

lait attenter de nouveau à sa liberté<br />

il s'était r<strong>et</strong>iré à Saint-Maur, d'où il<br />

ne revenait à Paris, qu'avec une es-<br />

corte nombreuse. Mole ,<br />

alarmé de<br />

c<strong>et</strong> e'tat de choses, en lit, dans l'assemblée<br />

des chambres , des repro-<br />

ches au frère de M. le Prince, don-<br />

nant clairement à entendre qu'une<br />

telle conduite pourrait devenir le signal<br />

de la guerre civile. A ce mot,<br />

le prince de Gonti prit feu, <strong>et</strong> interrompit<br />

avec force le premier président<br />

, qui repondit, avec non moins<br />

de vigueur , « qu'il ne devait pas être<br />

foiré dans son discours; qu'à la pla-<br />

ce où il était , nul autre que le roi<br />

n'avait le droit de lui imposer silence;<br />

qu'il n'avait point eu dessein d'accu-<br />

ser personnellement M. le Prince;<br />

mais que des mesures semblables à<br />

celles qui étaient prises en ce moment,<br />

avaient souvent causé la guerre<br />

civile, témoin celles qu'avaient allumées<br />

le père , l'aïeul <strong>et</strong> le bisaïeul de<br />

M. le prince de Conti. » Gaston ,<br />

présent à la séance , apaisa celte al-<br />

tercation , <strong>et</strong> recommanda les voies<br />

d'accommodement. On était bien<br />

éloigné de part <strong>et</strong> d'autre de s'y<br />

prêter. Mécontent de ne pouvoir ob-<br />

tenir à son gré une garantie irrévocable<br />

de l'éloignement de Mazarin,<br />

M. le Prince affectait de ne point<br />

r<strong>et</strong>ourner à la cour, soit pour for-<br />

tifier les craintes publiques , <strong>et</strong> l'in-<br />

térêt que l'on portait à sa per-<br />

sonne , soit pour braver la reine.<br />

Mole n'épargnait ni les prières , ni<br />

les remontrances , pour le fléchir.<br />

« Faut - il , Monsieur, lui disait - il<br />

» que vous vous présentiez ici sans<br />

» avoir paru chez le roi , <strong>et</strong> que vos<br />

» ennemis vous accusent d'élever au-<br />

» tel contre autel? » Le Prince re-<br />

,<br />

,<br />

MOL<br />

pond que le premier président a<br />

quelque intérêt à lui tenir ce langage.<br />

« Je n'en ai aucun, s'écrie Mole,<br />

» <strong>et</strong> je veux bien le déclarer, quoique<br />

» je ne doive compte de mes senti-<br />

« ments qu'au roi. » Il part de là<br />

pour peindre les malheurs qui doi-<br />

vent résulter d'une fatale division,<br />

<strong>et</strong> finit par c<strong>et</strong>te vive apostrophe :<br />

« Est-il possible , Monsieur , que<br />

» vous n'ayez pas frémi d'une sainte<br />

» horreur, après ce qui s'est passé<br />

» au cours ( i ) ? » Gondé fait quelques<br />

excuses; mais, comme Achille, il<br />

reste courroucé, inexorable. La reine<br />

accusait M. le Prince du crime de<br />

lèse-majesté. Le public se partageait<br />

entre les deux Frondes. Celle du<br />

Prince, où se trouvait la populace la<br />

plus animée, insultait le premier président<br />

; on l'appelait Mazarin; ou<br />

menaçait sa vie. Le parlement n'était<br />

plus qu'une arène , où les deux<br />

partis allaient se disputer la vic-<br />

toire. Dans une telle irritation des es-<br />

prits, une crise était inévitable : elle<br />

arrivale 2 ï août; c'était le jour où l'on<br />

devait entendre au palais ia réponse<br />

de la reine au mémoire justificatif<br />

de M. le Prince. Dès la veille, le coadjuteur<br />

y avait fait pénétrer des<br />

gens à lui. Le matin, il les renforça<br />

par les troupes que la reine avait<br />

mises à ses ordres. Les dispositions<br />

de Gondé ne furent pas moins dé-<br />

monstratives. A sept heures , le premier<br />

président tenait l'audience ordinaire<br />

, « montrant, dit le coad-<br />

» juteur, par son visage <strong>et</strong> par ses<br />

» manières, qu'il avait de plus gran-<br />

it des pensées dans l'esprit. La tris-<br />

» tesse paraissait dans ses yeux,<br />

» mais c<strong>et</strong>te sorte de tristesse qui<br />

» touche <strong>et</strong> qui émeut, parce qu'elle<br />

(ï) 11 avait osé disputer le pas à l'escorte du<br />

dans uie promenade.

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