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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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7<br />

o MIL<br />

poète anglais : la muse épique n'avait<br />

rien inventé de semblable. Maigre le<br />

génie de Virgile <strong>et</strong> les pleurs dont<br />

saint Augustin s'accuse, Didon moun'égale<br />

pas ce tableau chasie<br />

<strong>et</strong> passionne', i /amour conjugal re-<br />

tracé par Homère , n'atteint pas à<br />

c<strong>et</strong>te pur<strong>et</strong>é sublime. Ici la passion<br />

est la verdi même, <strong>et</strong> la volupté<br />

semble un des biens célestes que<br />

l'homme a perdus. Confident du charme<br />

prodigieux attaché à de telles<br />

images, Milton a su varier <strong>et</strong> prolonger<br />

les scènes d'un drame si admirablement<br />

simple. Il ne lui suffit pas<br />

d'avoir montré dans l'éclat de leur<br />

beauté , dans l'innocence de leur<br />

tendresse , ces deux créatures nou-<br />

velles ; il ne lui suffit pas d'avoir<br />

achevé ce tableau de pur<strong>et</strong>é, de gloire<br />

<strong>et</strong> de bonheur, par le contraste d'un<br />

témoin invisible échappé de l'enfer,<br />

<strong>et</strong> tout ensemble jaloux <strong>et</strong> presque<br />

attendri de la félicité qu'il vient<br />

détruire. Après avoir fait succéder<br />

à ces couleurs naïves cl gracieuses<br />

les gigantesques images du combat<br />

céleste , <strong>et</strong> le spectacle sublime de<br />

la création, le poète, dans le récit<br />

que le premier homme fait à l'ange<br />

Raphaël, ramène la peinture d'Adam<br />

<strong>et</strong> d'Eve, sortant des mains du créa-<br />

teur : il arrête lentement l'imagination<br />

charmée sur ce premier amour<br />

naissant avec la vie; <strong>et</strong> il semble<br />

recueillir avec un soin religieux toutes<br />

les (races du suprême bonheur<br />

qui va disparaître. Ce fatal dénouement<br />

du poème lui inspire encore<br />

des images, non plus animées d'une<br />

grâce majestueuse comme l'innocence<br />

, mais embellies d'une grâce<br />

touchante , comme la faiblesse unie<br />

à la beauté. Bien ne surpasse en pa-<br />

thétique la douleurd'Ève coupable, <strong>et</strong><br />

le pardon mutuel des deux époux. On<br />

raconte que le poète a consacré dans<br />

,<br />

MIL<br />

c<strong>et</strong>te scène un trait de sa vie , sa re'conciîialion<br />

avec sa première femme.<br />

Le génie n'est jamais mieux ins-<br />

piré que par les sentiments dont il a<br />

sonffèrt. Milton, d'ailleurs, ne s'in-<br />

terdit pas des allusions plus directes<br />

à lui-même <strong>et</strong> à ses malheurs : l'in»<br />

vocation à la lumière que ses yeux<br />

ne voient plus ; la prière à Uranie ,<br />

pour qu'elle daigne visiter sa demeure<br />

solitaire , <strong>et</strong> inspirer ses chants<br />

dans la nuit • le morceau , si poétique<br />

, où il se représente tombé dans<br />

de mauvais jours, parmi des langues<br />

mauvaises , entouré de périls<br />

<strong>et</strong> de ténèbres , seul <strong>et</strong> redoutant le<br />

destin d'Orphée ,• toutes ces digressions<br />

forment une des plus grandes<br />

beautés du Paradis perdu , <strong>et</strong> l'une<br />

de celles qui rapprochent le plus de<br />

notre nature, ce poème trop continuellement<br />

idéal. Ce n'est pas que<br />

dans l'invention des personnages surnaturels<br />

, Milton n'ait montré une<br />

grande profondeur de génie, <strong>et</strong> sur-<br />

tout qu'il ne prête à leurs discours<br />

une admirable éloquence, <strong>et</strong> une vé-<br />

rité relative, telle que l'imagination<br />

peut la concevoir. Satan est un des<br />

chefs-d'œuvre de l'invention poéti-<br />

que. Ce réveil de l'orgueil foudroyé,<br />

ce désespoir incapable de remords,<br />

c<strong>et</strong> amour du mal accepté pour con-<br />

solation <strong>et</strong> pour vengeance,- enfin,<br />

l'hypocrisie, dernier trait d'une ame<br />

infernale , forment un tableau sublime<br />

d'horreur <strong>et</strong> de génie. Quel que<br />

soit le peu d'intérêt qui s'attache a<br />

tant d'autres êtres fantastiques, dont<br />

Milton cravonne des portraits arbi-<br />

traires , la plupart de ces portraits,<br />

comme types d'une passien ou d'un<br />

vice , sont d'admirables allégories •<br />

<strong>et</strong> , malgré les deux vers de Boileau<br />

qui s'appliquent si bien à Milton :<br />

El quel obj<strong>et</strong> enfin h préseï t«>r aux yp"* i<br />

Que le diabe Loujou» luulaut contre les cieux I<br />

,

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