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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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C>\ Mit<br />

beau-<br />

comme parlement , Miltou ,<br />

coup d'autres indépendants , con-<br />

serva , près de Cromwell, l'emploi<br />

qu'il avait occupe sous la république<br />

; <strong>et</strong> , ce fougueux républicain<br />

se trouva le secrétaire d'un tyran.<br />

Le protectorat e'tait établi lorsque<br />

Miltou publia sa seconde Défense<br />

du peuple anglais. Déjà l'on pouvait<br />

juger que c<strong>et</strong>te liberté , dont il<br />

voulait faire l'excuse ou le dédommagement<br />

de tontes les violen-<br />

ces , se terminait au despotisme. 11<br />

n'en célèbre pas avec moins d'enthousiasme<br />

le destructeur du trône<br />

<strong>et</strong> des libertés de l'Angl<strong>et</strong>erre. On<br />

peut croire que c<strong>et</strong>te imagination<br />

ardente, mystique, élevée, étran-<br />

gère au monde , fut frappée des<br />

exploits audacieux de Cromwell , <strong>et</strong><br />

dupe de son hypocrisie. L'homme<br />

extraordinaire, qui faisait de gran-<br />

des choses <strong>et</strong> de grands crimes, tou-<br />

jours au nom de Dieu ;<br />

qui appuyait<br />

sur ses victoires le mensonge de sa<br />

mission; qui jeûnait , priait, pleu-<br />

rait devant le peuple ;<br />

qui avait tou-<br />

jours à la bouche l'Evangile <strong>et</strong> la<br />

gloire de l'Angl<strong>et</strong>erre; qui, despote<br />

dans son pays , humiliait les rois<br />

étrangers avec une fierté toute répu-<br />

blicaine : ce fourbe , d'une conduite<br />

si haute <strong>et</strong> si ferme; c<strong>et</strong> imposteur<br />

qui paraissait si convaincu; ce Mahom<strong>et</strong><br />

du nord <strong>et</strong> de la scolastique ;<br />

ce génie puissant <strong>et</strong> inégal , mêlant<br />

tous les contrastes de grandeur <strong>et</strong><br />

de trivialité , de raison hardie <strong>et</strong> de<br />

singularité fantasque ; Grom weîl , en-<br />

fin, par tous les accidents de sa for-<br />

tunée! deson caractère, étaitunhcïos<br />

assorti , pour ainsi dire , à l'imagina-<br />

tion sublime <strong>et</strong> bizarre de Miltou. Il<br />

devait à-la-fois l'inspirer <strong>et</strong> le dominer.<br />

On peut, au reste, remarquer<br />

une sorte de candeur <strong>et</strong> de courage<br />

dans les flatteries que Milton adres-<br />

MÎL<br />

se à Cromwell tout-puissant : « Res-<br />

pecte , lui disait-il, l'attente qu'on a<br />

fondée sur toi; respecte la présence<br />

<strong>et</strong> les cicatrices de tant d'hommes<br />

courageux, qui, sous tes ordres, ont<br />

'combattu pour la liberté; respecte<br />

les mânes de ceux qui ont péri; res-<br />

pecte l'opinion des autres peuples<br />

<strong>et</strong> les grandes idées qu'ils se forment<br />

de c<strong>et</strong>te république, que nous avons<br />

si glorieusement élevée, <strong>et</strong> qu'il se-<br />

rait si honteux de voir disparaître. »<br />

En même temps , il le suppliait de l'é-<br />

tablir la liberté de la presse: mais ,<br />

le jour même où c<strong>et</strong> écrit fut pré-<br />

senté au protecteur dans son palais<br />

de Windsor , un des amis les plus<br />

chers de Milton, <strong>et</strong> l'un des répu-<br />

blicains les plus désintéressés, Aver-<br />

ton, était conduit à la Tour; <strong>et</strong> les<br />

républicains pouvaient apprendre<br />

quel maître ils s'étaient donné. Mil-<br />

ton vécut dans l'exercice obscur de<br />

son emploi: l'infirmité qui le privait<br />

de la vue, l'éloignait du monde;<br />

son mérite était peu connu : son génie<br />

poétique n'était point soupçonné de<br />

Cromwell <strong>et</strong> de ses confidents ; cl i"<br />

ne les aurait guère intéressés. A l'oc-<br />

casion du traité de commerce entre<br />

la Suède <strong>et</strong> l'Angl<strong>et</strong>erre , Whitelocke<br />

, négociateur de Cromwell<br />

auprès de c<strong>et</strong>te puissance, parle<br />

dans ses Mémoires d'un certain Mil-<br />

ton, qui, chargé de traduire ce traité,<br />

avançait fort lentement , parce qu'il<br />

était vieux <strong>et</strong> aveugle. Whitelocke<br />

était un politique habile , un des pre-<br />

miers conseillers de Cromwell: il se<br />

croyait sans doute fort supérieur au<br />

vieux secrétaire aveu "le qu'il désigne<br />

•<br />

i i<br />

si légèrement; <strong>et</strong> cependant White-<br />

locke, <strong>et</strong> tous les négociateurs, tous<br />

les conseillers , tous les hommes<br />

importants de c<strong>et</strong>te époque , ont<br />

laissé bien peu de souvenirs, tandis<br />

que la gloire de Milton remplit le<br />

,

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