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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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MOY<br />

l'arrachaicnt alors aux obj<strong>et</strong>s de<br />

ses affections plutôt qu'elles ne l'en<br />

détachaient. Les exemples qu'il avait<br />

eus sous les yeux , à une époque où<br />

il avait failli être égorge dans sa<br />

maison, avaient bien pu lui faire<br />

exprimer le vœu d'être délivre de la<br />

vue des angoisses de sa famille, en<br />

se plongeant stupidement dans la<br />

mort, sans qu'on dut en conclure ( i ),<br />

avec un rigorisme au moins égal à<br />

celui des auteurs de YArt de penser,<br />

que tout sentiment moral était éteint<br />

en lui ,<br />

de même que INaigeon infé-<br />

rait d'une question élevée par notre<br />

philosophe, d'après un doute d'Euripide,<br />

sur l'éclair de la vie humaine<br />

que<br />

brillant dans la nuit éternelle ,<br />

Montaigne ne croyait pas à l'immor-<br />

talité de l'ame (a-). Au contraire,<br />

les leçons de philosophie chrétienne<br />

qu'il professe la-même <strong>et</strong> ailleurs , <strong>et</strong><br />

celles que lui avait données La Boé-<br />

tie, sou ami , qu'il avait assisté à ses<br />

derniers moments , étaient bien loin<br />

d'être oubliées. Montaigne nous apprend<br />

qu'étant malade , son premier<br />

soin était d'appeler , non le<br />

médecin , mais son desservant , <strong>et</strong><br />

de s'acquitter de ses devoirs reli-<br />

gieux. Ce ne fut point au château de<br />

Gournay, comme l'a cru Ladvocat,<br />

mais en sa maison, que Montaigne<br />

fut attaqué d'une esquinancie mor-<br />

telle qui lui tomba sur la langue. Il<br />

demeura ainsi, dit Pasquier (3), trois<br />

jours entiers, plein d'entendement,<br />

sans pouvoir parler. Comme il sentait<br />

sa fin approcher, il pria, par un<br />

bull<strong>et</strong>in, sa femme d'avertir quel-<br />

ques gentilshommes, ses voisins,<br />

(0 Discours qui a obtenu une mention , <strong>et</strong>c.<br />

(2) La Logique ou l'Art dépenser, 3 e . partie,<br />

ebap. 20. — Avertissement de Naigeon, en îèto de<br />

quelques exemplaires de l'édit. stéréotype tics Essais,<br />

Paris, Didot, 180?. , !\ vol. in r.'..<br />

(3) L<strong>et</strong>tre 1*1., liv. 18, à M. Pc1g' ;<br />

, maître dts<br />

•omptef.<br />

afin de prendre congé d'eux. Quand<br />

ils furent arrivés, il lit dire la m<br />

dans sa chambre; <strong>et</strong> au moment de<br />

l'élévation ,<br />

ce pauvre gentilhomme<br />

s'étant soulevé comme il put sur son<br />

lit , les mains jointes , il expira dans<br />

c<strong>et</strong> acte de piété , le 1 3 septembre<br />

1 5.9a ; ce qui fut , ajoute Pasquier ,<br />

un beau miroir de l'intérieur de son<br />

a me. Le corps de Montaigne fut<br />

transporté à Bordeaux , dans l'église<br />

des Feuillants , où Françoise de la<br />

Chassaigne , son épouse , lui fit éri-<br />

ger un monument, avec une inscrip-<br />

tion en prose latine, qui oifre un témoignage<br />

moins emphatique des<br />

sentiments de sa famille <strong>et</strong> des siens<br />

que l'épilaphe grecque en vers a la<br />

suite, <strong>et</strong> sa traduction latine par la<br />

Monnoie , dont on cite ces deux vers<br />

pour la justification de sa devise :<br />

Solius addictus jurare in dogmala Chrsti ,<br />

Cc<strong>et</strong>eia Pyn noms peuderc lance sciens.<br />

Montaigne ,<br />

n'ayant point d'enfants<br />

mâles, avait laissé, par son testament,<br />

à Charron, les armes pleint<br />

de sa famille, à laquelle, celui-ci, a<br />

son tour, marqua sa reconnaissance<br />

par le legs universel de ses propres<br />

biens. D'un autre côté, la fille d'al-<br />

liance de Montaigne , la demoiselle<br />

de Gournay <strong>et</strong> sa mère, averties par<br />

la famille, s'empressèrent de traver-<br />

ser la France presque entière, alors<br />

toute en armes , <strong>et</strong> arrivèrent poui<br />

mêler leurs pleurs <strong>et</strong> leurs regr<strong>et</strong>s<br />

à ceux de la veuve <strong>et</strong> de sa fille Léonor;<br />

exemple non moins remarquable<br />

d'attachement à la mémoire de Montaigne.<br />

M ,ic . de Gournay conserva<br />

toute la vie le litre de sa fille d'al-<br />

liance, <strong>et</strong> le prit à la tête des éditions<br />

qu'elle donna des Essais, dont les<br />

principales furent (1) l'édition au-<br />

Essais de Montaigne, Paris , Langelii<br />

io-fol. — l'aris , Cainusat, it)35 , in-iid.

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