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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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458 MON<br />

Fiance comptait de plus illustre dans<br />

les sciences <strong>et</strong> clans les l<strong>et</strong>tres. A<br />

peine devenu gouverneur, il avait<br />

présenté à la nomination de Louis<br />

XIV, Bossucl pour précepteur, <strong>et</strong><br />

Iluel pour sous-précepteur. Il s'en-<br />

tendit avec deux collaborateurs si<br />

pour faire exécuter à<br />

clignes de lui ,<br />

l'usage du dauphin ces belles éditions<br />

des auteurs classiques accompagnées<br />

de commentaires <strong>et</strong> de notes qui<br />

,<br />

sont connues sous le nom d'éditions<br />

ad usum Delpliijii ( V. Ht;i:t , XXI,<br />

i 7 ). Si ia nature ne permit pas qu'en<br />

sortant des mains d'un tel institu-<br />

teur , le fils de Louis XIV fût un<br />

grand prince , Montausier en fit au<br />

moins un prince bon , juste <strong>et</strong> humain.<br />

Le grand- dauphin montrait<br />

dans son enfance un esprit {•<br />

susceptible , <strong>et</strong> s'emportait facilement<br />

s'il se croyait oiFensé. S'ima-<br />

gihant avoir été frappe par son gouverneur,<br />

dans une discussion assez<br />

vive qu'ils avaient eue ensemble , il<br />

demanda ses pistol<strong>et</strong>s avec une extrême<br />

vivacité : « Apportez -les à<br />

» Monseigneur » , répondit froidement<br />

Montausier; <strong>et</strong> les rem<strong>et</strong>tant<br />

lui-même avec calme à son élève , il<br />

lui dit : « Voyez ce que vous en vou-<br />

» lez faire. » A ces mots le dauphin<br />

est prêt à se j<strong>et</strong>er aux genoux de<br />

son digne Mentor, dans les bras duquel<br />

il expie c<strong>et</strong> instant d'oubli. Un<br />

jour le prince, en tirant .;u blanc,<br />

.s'était beaucoup écarté du but : un<br />

jeune seigneur , compagnon de ses<br />

exercices, <strong>et</strong> qu'on savait être fort<br />

adroit , tira ensuite , mais encore<br />

plus loin que lui : « Ah I p<strong>et</strong>it cor-<br />

» rompu , s'écria Montausier , il<br />

» faudrait vous étrangler. » S'c'tan.t<br />

aperçu quelquefois que son élève li-<br />

avec trop de plaisir les épîtres<br />

dédicatoires qui lui étaient adre:<br />

il saisit une occasion de le dé{j<br />

MON<br />

de ces fades adulations, en lu i pouvant<br />

qu'on louait en lui précisément<br />

les qualités qu'il n'avait pas. Dans<br />

les promenades qu'ils faisaient en-<br />

semble, ils étaient arrivés à la porte<br />

d'une chaumière; le sage gouverneur<br />

du dauphin lui dit : « Sous ce<br />

» chaume , dans c<strong>et</strong>te misérable re-<br />

» traite, logent le père , la mère <strong>et</strong> i<br />

» les enfants , qui travaillent tout le<br />

» long du jour, pour payer l'or dont<br />

» vos palais sont ornés <strong>et</strong> qui sv>i~<br />

» portent la faim pour subvenir aux<br />

» frais.de votre table somptueuse.» Il<br />

crut devoir cesser ses fonctions de<br />

gouverneur, en i68o,au moment<br />

du mariage du fils de Louis-le-Grand •<br />

mais le roi voulut qu'il conservât au-<br />

près de Monseigneur la même auto-<br />

rité, avec le litre de premier gentilhomme<br />

de la chambre de ce prince.<br />

Montausier ,<br />

aspirant à ne plus vivre<br />

que pour lui-même, ne parut à la<br />

cour que lorsqu'il jugea pouvoir èire<br />

utile à son élève par ses conseils.<br />

Il obtint, en i68'2, la permission<br />

de se r<strong>et</strong>irer tout - à - fait, <strong>et</strong> dit au<br />

dauphin : « Monseigneur, si vous<br />

» êtes honnête homme, vous m'ai-<br />

» nierez; si vous ne Fêtes pas, vous<br />

» me ha'irez , <strong>et</strong> je m'en consolerai. »<br />

En iG88, il lui écrivit: « Je ne vous<br />

» fais point de compliments sur la<br />

» prise de Philisbourg ; vous aviez<br />

•» une bonne armée, des bombes, du<br />

» canon <strong>et</strong> Yauban. Je ne vous en<br />

v fais point aussi sur ce que vous<br />

» êtes brave :<br />

c'est une vertu hérédi-<br />

» taire dans votre maison ; mais je<br />

» me réjouis avec vous de ce que<br />

» vous êtes bon , libéral , faisant va-<br />

» loir les services de ceux qui fout<br />

» bien : c'est sur quoi je vous fais<br />

» mon compliment. » Le duc de<br />

Montausier termina, le 17 mai 1690,<br />

à l'âge de quatre-<strong>vingt</strong>s ans, une car-<br />

rière illustrée par des vertus çnien'ol s •

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