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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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MON<br />

singulier plaisir , <strong>et</strong> donna l'ordre<br />

de l'imprimer (i). C'est par des<br />

preuves tirées de la raison naturelle ,<br />

que Sebonde , à l'exemple de Raymond<br />

Lulle ( V. Lulle ) , entrepre-<br />

nait , non d'expliquer les mystères,<br />

mais seulement d'opposer aux no-<br />

vateurs , à l'appui de la foi , c<strong>et</strong>te<br />

même raison avec laquelle ils com-<br />

battaient l'autorité du dogme. Ce li-<br />

vre eut beaucoup de succès, sur-<br />

tout auprès des dames , qui trouvaient<br />

fort belles ces imaginations<br />

de la raison humaine en faveur de<br />

la religion; <strong>et</strong> Montaigne, le champion<br />

de ces dames , <strong>et</strong> du livre dont<br />

elles goûtaient la traduction, le dé-<br />

fendit , comme on le verra , contre<br />

ceux qui blâmaient les hardiesses<br />

de l'auteur , ou qui taxaient de fai-<br />

blesse ses arguments. Mais il ne s'en-<br />

suit pas que ce furent, comme le dit<br />

Chaudon , ces singularités hardies ,<br />

transformées en erreurs par Feller,<br />

qui, ayant plu à Montaigne à cause de<br />

leur conformité avec ses idées , lui<br />

firent tenter de traduire Sebonde; car<br />

c<strong>et</strong>te occupation lui parut étrange <strong>et</strong><br />

nouvelle; <strong>et</strong> l'on a vu qu'il ne l'en-<br />

treprit qu'à la prière de son père.<br />

Après l'impression du livre de Sebonde<br />

, notre philosophe , qui était<br />

devenu possesseur du château de<br />

Montaigne <strong>et</strong> maître de lui - même,<br />

s'occupa de publier les opuscules qui<br />

lui avaient été Légués par la Boétie,<br />

<strong>et</strong>. qu'il dédie à ses proches <strong>et</strong> amis.<br />

Là se trouvent l'Épitre de consola-<br />

tion, envoyée à sa femme (2), <strong>et</strong> le<br />

Discours qu'il avait adressé à sou<br />

père sur la mort de la Boétie. Mais<br />

I<br />

d) 7 nn„d Sebonde<br />

,<br />

MON 43f<br />

par égard pour sou ami , <strong>et</strong> à cause<br />

des relations qu'il avait à la cour,<br />

il ne crut pas prudent d'y joindre lo<br />

traité de la Servitude volontaire ,<br />

dont eût pu abuser l'esprit de parti<br />

dans un temps de faction <strong>et</strong> de trou-<br />

bles ( 1 ). Une époque désastreuse s'ap-<br />

prochait; <strong>et</strong> notre philosophe était ramené<br />

par l'agitation même à des sen-<br />

timents dont il éprouvait le besoin.<br />

Il s'était en quelque sorte réfugié au<br />

château de son père. Il observe que,<br />

depuis la perte de ce bon père, il<br />

portait, lorsqu'il mentait à cheval ?<br />

un manteau qui lui avait appartenu.<br />

« Ce n'est point, disait -il, par commodité<br />

, mais par délices : il me<br />

semble in envelopper de lui. » Une<br />

coinplexion nerveuse délicate n'avait<br />

pas peu contribué à c<strong>et</strong>te sensibilité<br />

morale. Quoique né <strong>et</strong> élevé à la campagne,<br />

une liberté douce, exempte,<br />

comme on l'a vu, de toute sujétion<br />

rigoureuse, l'avait éloigné des soins<br />

de l'économie domestique, <strong>et</strong> même<br />

de tout exercice agréable,, mais violent.<br />

La dur<strong>et</strong>é lui paraissait être un<br />

vice extrême ; <strong>et</strong> il était si délicat sur<br />

ce point qu'il entendait impatiem-<br />

,<br />

ment gémir un lièvre sous les dents<br />

de ses chiens , quoique la chasse fût<br />

pour lui un plaisir bien vif. Du moment<br />

qu'il s'était r<strong>et</strong>iré eu sa maison<br />

de campagne , il était bien résolu de<br />

ne se mêler de rien , si ce n'est de<br />

passer en repos le reste de sa \iv. II<br />

avait cru faire une grande faveur k<br />

son esprit , que de le laisser s'entr<strong>et</strong>e-<br />

nir soi-même , <strong>et</strong> se rasseoir en soi 7<br />

d'autant plus aisément , qu'il était<br />

devenu, avec le temps, plus grave<br />

<strong>et</strong> plus mûr. Mais il trouva, qu'au<br />

rebours , son esprit, comme un cJie«<br />

val échappé, se donnait plus de car-<br />

(i) Ce iriiv > i t- publia i la Mille «les Essais,<br />

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