28.06.2013 Views

biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

43o MON<br />

susceptibles du même lien d'amitié.<br />

Cependant il recherchait leur commerce.<br />

Sa sensibilité physique l'en-<br />

traînait vers le sexe. L'imagination<br />

l'esprit, l'attiraient <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>enaient<br />

auprès des femmes spirituelles. C'est<br />

ainsi qu'il fit sa cour à Marguerite de<br />

France , sœur de Charles IX , à la-<br />

quelle il offre un chapitre aussi grave<br />

qu'intéressant, le plus considérable<br />

de ses Essais ; comme il adresse à<br />

Diane de Foix son chapitre de V Institution<br />

des enfants, <strong>et</strong> à la dame<br />

d'Eslissac ,<br />

celui de Y Affection des<br />

pères , l'un <strong>et</strong> l'autre d'un intérêt<br />

plus réel <strong>et</strong> d'une utilité pratique qui<br />

fait pardonner le scepticisme du pre-<br />

mier. Mais ce sentiment d'une amitié<br />

tendre qu'il cherchait vainement au-<br />

près des femmes, il ne l'eût peut-être<br />

éprouvé qu'auprès de M lle .<br />

de Gournay,<br />

si elle eût vécu <strong>vingt</strong>-cinq ans<br />

plutôt. M mc . de Bourdic (r) la fait<br />

exister en même temps que la Boétie<br />

, <strong>et</strong> partager avec lui le cœur de<br />

Montaigne : c'est-là une erreur de<br />

l'enthousiasme, une pure fiction poétique.<br />

Le lien conjugal avait pu du<br />

moins fixer en partie les affections<br />

du philosophe. Il donne cependant<br />

à entendre qu'en formant* un engagement,<br />

il céda plutôt à la convenance<br />

<strong>et</strong> à l'usage qu'à son inclina-<br />

tion naturelle. Mais quoiqu'il s'a-<br />

vouât enclin à l'amour des femmes ,<br />

<strong>et</strong> qu'on tînt, dit -il, ses mœurs<br />

pour licencieuses , il affirme qu'il<br />

avait observé plus sévèrement les lois<br />

du mariage qu'il n'avait promis ni<br />

espéré. Dans un accident grave qui<br />

lui arriva , <strong>et</strong> qu'il décrit si pitto-<br />

resquement , lorsque j<strong>et</strong>é à la ren-<br />

verse par un choc violent, étendu<br />

parterre évanoui, on le rapportait à<br />

(x) Eloge de Montaigne , Paris , au YHI ( 1800 )<br />

ûwS,<br />

,<br />

MON<br />

la maison; en revenant à lui, sos<br />

premier mot fut de dire qu'on don-<br />

nât un cheval à sa femme qui venait<br />

à sa rencontre , <strong>et</strong> qu'il voyait s'em-<br />

pêtrer dans le chemin. De même ,<br />

lorsqu'il apprend , à Paris , la mort<br />

de sa fdle en nourrice, il envoie à la<br />

mère, avec une l<strong>et</strong>tre pleine de bonhomie<br />

, une Epîlre de consolation du<br />

bon Plutarque , écrite dans un cas<br />

semblable. C'est-là pourtant ce qui<br />

avec d'autres passages isolés , l'a<br />

fait signaler comme un philosophe<br />

égoïste (i); tandis que Montaigne<br />

témoigne à sa femme combien il est<br />

marri que !a fortune lui ait rendu si<br />

propre c<strong>et</strong>te Épftre , traduite en<br />

françois par feu sou ami , par ce sien<br />

cherfrère , qu'il lui rappelle , en s'u-<br />

nissant ainsi à la Boétie <strong>et</strong> à Plutarque<br />

pour la consoler. Quoi de plus<br />

spirituel, <strong>et</strong> en même temps de plus<br />

délicat ! C'est encore avec la même<br />

naïv<strong>et</strong>é de sentiment , <strong>et</strong> pour ne rien<br />

refuser , dit-il , au commandement<br />

du meilleur des pères , qu'il avait<br />

entrepris , <strong>et</strong> qu'il lui adressa la tra-<br />

duction de la 'Théologie naturelle<br />

de Raymond Sebonde. Son père ,<br />

animé par c<strong>et</strong>te ardeur avec laquelle<br />

le roi François I er . avait encouragé<br />

les l<strong>et</strong>tres , tenait depuis long-temps<br />

sa maison ouverte aux hommes doc-<br />

tes <strong>et</strong> l<strong>et</strong>trés , sans être l<strong>et</strong>tré lui-<br />

même. Il avait accueilli Pierre Bu-<br />

qui lui remit l'ouvrage de Se-<br />

nel<br />

,<br />

bonde elle lui recommanda comme<br />

un livre très-utile , à l'époque où les<br />

innovations de Luther commençaient<br />

à prendre crédit, <strong>et</strong> menaçaient d'é-<br />

branler en beaucoup de lieux l'an-<br />

cienne croyance. Montaigne s'était<br />

empressé de traduire ce livre , <strong>et</strong> de<br />

l offrir à son père , qui y prit uti<br />

(1) Discours qui a obtenu une mention au concours<br />

académique (par M. Iiiot ) . Paris, Miçhaud<br />

181a , in-8o.<br />

,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!