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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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3oS MOL<br />

Tartuffe^ on ne peut être surpris des<br />

difficultés qu'éprouva la représenta-<br />

tion de ce chef-d'œuvre : on doit l'être<br />

seulement que Molière soit parvenu<br />

à les surmonter. L'honneur toutefois<br />

n'en appartient pasàlui seul. Sa per-<br />

sévérance n'eût rien produit , si Louis<br />

XIV , par la rectitude <strong>et</strong> la force de<br />

son jugement , ne se fût élevé au-<br />

dessus des scrupules qu'on avait<br />

réussi à lui inspirer. Après trois ans<br />

de refus ou d'indécision, il avait<br />

permis verbalement à Molière de<br />

l'aire jouer sa pièce. Le lendemain de<br />

arriva un<br />

la représentation ( 1667 ),<br />

ordre du premier président, qui défendait<br />

aux comédiens d'en donner<br />

une seconde. Attirés par le succès<br />

de la première , d'innombrables spec-<br />

tateurs étaient déjà rassemblés dans<br />

la salle pour jouir à leur tour du chefd'œuvre<br />

nouveau. Molière, dit-on<br />

leur fit part de la défense en ces termes<br />

: Messieurs , nous allions vous<br />

donner le Tartuffe; mais monsieur<br />

le premier président ne veut vas<br />

qu'on le joue. On peut douter qu'il<br />

ait osé se perm<strong>et</strong>tre nue si injurieuse<br />

équivoque. Louis XI\ était alors devant<br />

Lille. Molière lui dépêcha deux<br />

comédiens porteurs d'un plac<strong>et</strong> fort<br />

pressant ; ils revinrent sans réponse.<br />

Deux années environ s'écoulèrent<br />

encore avant que Molière obtînt du<br />

roi la permission par écrit de re-<br />

m<strong>et</strong>tre sa pièce au théâtre. En accueil-<br />

lant les préventions dont le Tartuffe<br />

était l'obj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> en y cédant, Louis<br />

XIV ne s'en était jamais dissimulé<br />

tout-à-fait l'injustice. Sortant un<br />

jour , avec le prince de Coudé, de<br />

la représentation d'une farce impie<br />

<strong>et</strong> obscène, intitulée Scaramouche<br />

ermite : — Je voudrais bien<br />

savoir, dit - il au prince , pourquoi<br />

les gens qui se scandalisent si fort<br />

ne di-<br />

de la comédie de Molière ,<br />

,<br />

MOL<br />

sent mot de celle de Scaramcuche.<br />

— La raison de cela , répondit<br />

le prince, c'est que la comé-<br />

die de Scaramouche joue le ciel<br />

<strong>et</strong> la religion dont ces messieurs-là<br />

ne se soucient point , <strong>et</strong> que celle de<br />

Molière les joue eux-mêmes , ce<br />

qu'ils ne peuvent souffrir. Que dire<br />

du Tartuffe, considéré sous le rapport<br />

de l'art? Uu tel ouvrage est sans doute<br />

une matière inépuisable d'éloges ;<br />

mais combien de fois <strong>et</strong> sous combien<br />

de formes c<strong>et</strong>te matière n'a-t-ellc pas<br />

été traitée? Plus de cent cinquante<br />

ans d'un succès que le temps n'a pu<br />

affaiblir ; Tamuence toujours crois-<br />

sante du public, à chaque représen-<br />

tation nouvelle de ce chef-d'œuvre ,<br />

sans cesse représenté; le rire, l'indi-<br />

gnation <strong>et</strong> l'attendrissement du spec-<br />

tateur, toutes ces émotions si diver-<br />

ses, si contraires , <strong>et</strong> pourtant si na-<br />

turellement unies <strong>et</strong> confondues ,<br />

grâce à l'art infini du poète; voilà ,<br />

sans contredit, un genre de louanges<br />

plus expressif, plus éloquent que<br />

tous les discours, <strong>et</strong> qui semble les<br />

rendre tous superflus. Molière, dans<br />

Amphitryon (1668) , imite le chef-<br />

d'œuvre de Plaute,> <strong>et</strong> il le surpasse.<br />

DansY Jvare (1668), il emprunte au<br />

même comique latin, avec l'idée d'un<br />

caractère qu'il rend plus dramatique<br />

<strong>et</strong> plus moral, celle d'une intrigue<br />

qu'il rend plus vive <strong>et</strong> plus attachan-<br />

te. L'avarice de l'indigent Euclion ,<br />

occasionnée par la découverte d'un<br />

trésor qui l'éblouit <strong>et</strong> l'embarrasse,<br />

n'est qu'une folie digne de pitié. Celle<br />

d'Harpagon, né au sein des richesses,<br />

<strong>et</strong> contrarié par les convenances d'un<br />

état honorable, est une manie odieu-<br />

se <strong>et</strong> risible à -la-fois. Harpagon a<br />

réduit son fils , par les plus in-<br />

justes privations , à la ressource des<br />

plus onéreux emprunts ; <strong>et</strong> c'est luimême<br />

qui exerce envers ce fils la

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