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biographie universelle, ancienne et moderne tome vingt-neuviéme

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fiS MIL<br />

peare. C<strong>et</strong> enthousiasme, justifie par<br />

de ve'ritabLes beautés , ne lit que s'ac-<br />

croître. Un écrivain écossais , Lauder<br />

, eut la maladresse <strong>et</strong> la mauvaise<br />

foi d'accuser Milton de plagiat, eu<br />

produisant , à cote de quelques vers<br />

que ce grand poète avait imités du jé-<br />

suite allemand Masenius , d'autres<br />

vers extraits d'une traduction latine<br />

du Paradis perdu ( V . Lauder <strong>et</strong><br />

Masen ). L'Angl<strong>et</strong>erre se souleva<br />

d'indignation : le faussaire fut so-<br />

lennellement convaincu ; <strong>et</strong> l'on admira<br />

plus que jamais le génie original<br />

de Mïlton. Il est certain que<br />

Milton , dont l'imagination était<br />

nourrie par une immense lecture , a<br />

j<strong>et</strong>é dans son poème une foule d'imi-<br />

tations <strong>et</strong> de souvenirs. De même que<br />

l'on peut remarquer dans Homère<br />

une connaissance singulière de tous<br />

les obj<strong>et</strong>s naturels , Milton possédait<br />

au plus haut degré la science des<br />

livres, <strong>et</strong> il y puise quelquefois sans<br />

réserve <strong>et</strong> sans goût; mais il n'en<br />

reste pas moins un génie créateur.<br />

Les idées de l'homme sont si peu<br />

variées , que l'originalité n'est presque<br />

toujours que l'expression la plus<br />

heureuse <strong>et</strong> le sentiment le plus vif<br />

de ce qu'ont éprouvé les autres hommes.<br />

D'ailleurs , il ne faut pas s'y<br />

tromper, les premières notions, du<br />

suj<strong>et</strong> choisi par Milton étaient de<br />

son temps une des idées les plus<br />

communes <strong>et</strong> les plus familières à<br />

tous les esprits. Le puritanisme re-<br />

ligieux <strong>et</strong> politique en avait fait<br />

un obj<strong>et</strong> perpétuel d'allusions. Les<br />

f)oètes latins, qui s'exerçaient dans<br />

es collèges <strong>et</strong> dans les cloitres s'y<br />

trouvaient naturellement conduits.<br />

Que Grotius , que Taubmannus ,<br />

aient, avant Milton , pesamment ef-<br />

fleuré quelques parties de son su-<br />

j<strong>et</strong>, ce suj<strong>et</strong> n'en est pas moins devenu<br />

la conquête exclusive du grand<br />

MIL<br />

pb<strong>et</strong>e qui l'a saisi <strong>et</strong> pénétré tout<br />

entier ; <strong>et</strong> autant il était avant lui<br />

vulgaire <strong>et</strong> rebattu , autant il est devenu,<br />

sous sa main , sublime. <strong>et</strong> nou-<br />

veau. Ainsi considéré, ce suj<strong>et</strong> paraî-<br />

tra le plus grand que l'imagina lion<br />

ait eu jamais à choisir : il a pour<br />

premier caractère d'embrasser l'in-<br />

térêt, non pas d'une famille ou d'un<br />

peuple, mais de l'humanité entière;<br />

sorte de grandeur que l'imagination<br />

ne trouve dans aucune autre épopée.<br />

Addison a tort de vouloir admirer<br />

Milton par les règles <strong>et</strong> l'autorité<br />

d'Aristote. Ce qui constitue le Pa-<br />

radis perdu, c'est précisément le défaut<br />

de ressemblance avec tout mo-<br />

dèle connu. Tandis que les autres<br />

poèmes sont fondés sur le mélange<br />

du merveilleux <strong>et</strong> de l'historique ,<br />

poème de Milton ne sort pas un intiment<br />

des vastes limites du merveilleux<br />

chrétien. Soit que le poète ha-<br />

bite les ténèbres ou la lumière de ce<br />

monde mystérieux, il faut que tout<br />

ce qu'il raconte soit créé par l'imagination<br />

, <strong>et</strong> soutenu par elle. Le<br />

travail de son esprit ,<br />

le<br />

dans ce suj<strong>et</strong><br />

tout idéal , ressemble à ce qu'il a luimême<br />

admirablement décrit, au vol<br />

fantastique de Satan à travers les es-<br />

paces du vide. Un essor si périlleux<br />

n'est pas à la vérité sans chute <strong>et</strong><br />

sa us écarts. Les défauts du chantre<br />

du Paradis perdu sont grands , <strong>et</strong> le<br />

lecteur français doit en être plus bles-<br />

sé qu'aucun autre. Ce n'est pas que<br />

Milton présente fréquemment des<br />

traits de ce naturel bas <strong>et</strong> effréné qui<br />

heurte dans Shakspeare. Sa muse<br />

savante <strong>et</strong> mystique toucherait plutôt<br />

à l'autre extrémité du mauvais<br />

goût. Shakspeare, dans les élans de<br />

son génie, tire parti de son ignorance.<br />

Il invente hors des règles <strong>et</strong> des faits<br />

qu'il ne sait pas. Il paraît d'autant<br />

plus neuf qu'il est plus inculte. C'est

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