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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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très partiellement en Algérie. Le clergé catholique séculier continua à être

salarié, et la suspension des subventions gouvernementales pour la

construction ou l’entretien d’églises ne fut que très temporaire. Ce statut

privilégié s’expliquait par la volonté de continuer à salarier les personnels

musulmans, à la fois pour mieux s’assurer de leur docilité, et pour

compenser la confiscation par l’État français des habous, ces biens

immobiliers de statut religieux dont les revenus avaient assuré auparavant le

fonctionnement des lieux de culte et d’enseignement coranique. Les

congrégations enseignantes furent, en revanche, supprimées au même titre

qu’en France, et sans doute aux mêmes motifs. Cette façon de poser la

question religieuse ne permettait guère de sortir du débat français.

Il faut dire, enfin, que l’œuvre missionnaire ne fut pas au premier plan,

ce qui, au fond, ne doit pas étonner, puisque, dès le début, la vocation de

l’Église d’Algérie fut, non de convertir, mais d’accompagner le

développement d’une importante colonie, destinée peut-être à représenter

un jour la majorité de la population. Si cet espoir fut déçu, les perspectives

ne s’en trouvèrent guère modifiées. Les initiatives pour convertir les

musulmans, sans être vraiment interdites, n’eurent guère la faveur de

l’autorité, sensibles aux risques d’agitation qu’elles pourraient entraîner

dans la population autochtone. Le cardinal Charles Lavigerie renonça

rapidement à développer son programme de fondation de villages chrétiens.

Instituée par lui, la société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), qui

fut une des rares à être épargnée par la loi sur les Congrégations, exerça

essentiellement son action au Sahara et en Afrique noire. Le père Charles de

Foucauld, assassiné en 1916 à Tamanrasset par un parti de Touaregs

révoltés, fut largement ignoré d’une société européenne d’Algérie qu’il

accusait d’être peu chrétienne, et à l’égard de laquelle il partageait les

préjugés aristocratiques de ses amis Hubert Lyautey et Henri Laperrine

d’Hautpoul, peut-être prédécesseurs, sur ce point, de Charles de Gaulle.

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