21.07.2022 Views

LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

le financement des édifices religieux et des desservants. C’est pourquoi

l’État s’est engagé en contrepartie à prendre en charge ces besoins repérés

comme relevant du culte. Mais avant de le financer, il fallait inventer le

culte musulman qui n’existait pas.

De quoi s’agit-il ? L’État colonial a organisé un culte musulman en

Algérie c’est-à-dire qu’il a créé des fonctionnaires de Dieu qu’il a

rémunérés et des établissements du culte qu’il s’est engagé à entretenir. Il a

fait comme pour les autres cultes : il a nommé des ministres du culte, les a

subventionnés et a assuré l’entretien des édifices du culte. Or, dans les

sociétés musulmanes, le pouvoir politique ne se préoccupe pas de nommer

les imans ni d’entretenir les lieux de culte. En d’autres termes, il n’y a pas

d’ingérence du politique dans le religieux : les domaines de compétence

sont clairement définis, la distinction entre le politique et le religieux est au

XIX e une donnée pluriséculaire des sociétés musulmanes. Le culte musulman

est donc inventé en Algérie, mais à la différence des autres cultes, l’État

refuse de le doter d’un interlocuteur officiel, bref de créer une sorte de

Consistoire musulman, même si des projets ont été conçus par

l’administration coloniale mais n’ont pas été retenus. On aboutit à la

situation d’un culte incomplet dans la mesure où aucune autorité n’existe.

En revanche, le personnel du culte musulman est nommé et rémunéré par

l’État, donc contrôlé par l’État : que faire si la Séparation est appliquée ? Le

risque aux yeux des autorités coloniales est de ne plus avoir de droit de

regard sur l’islam en qui il voit une menace pour la sécurité de la colonie.

Pour ce qui est du culte catholique, l’inquiétude est double. Les

autorités redoutent d’une part que l’Église fasse appel à des prêtres

étrangers et d’autre part, que, faute de financement, elle ne s’affaiblisse.

Dans les deux cas, l’Église catholique, perçue comme favorable à la

domination française, risque d’être en difficulté : la conséquence serait un

affaiblissement de la France. Comme il n’est pas question en situation

coloniale de renoncer aux prérogatives du contrôle des cultes, les autorités

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!