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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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constater dans certaines discussions, mais qui relevait, dans ces cas précis,

d’une confusion manifeste de vocabulaire où les mots « chrétiens » et

« christianisme » étaient interchangeables avec ceux de « catholiques » et

« catholicisme ». Les mêmes imprécisions existent en Occident où les

« musulmans » sont appréhendés comme un bloc monolithique, quand ils

ne sont pas confondus avec les « Arabes ». Précisons que les discussions,

notamment dans la presse algérienne, faisaient alors état de

25 000 conversions en Kabylie et de l’édification de nouveaux lieux de

culte. Ces informations ont circulé sans qu’il soit possible de les confirmer

ou de les infirmer. Il n’est toutefois pas anodin de souligner l’accord

unanime pour affirmer que les conversions avaient essentiellement lieu en

Kabylie. Que cela soit fondé ou non, cette affirmation renvoie à des débats

internes à l’Algérie, à sa construction identitaire sur le modèle de l’Étatnation

et aux limites de ce modèle. C’est dans ce contexte qu’il faut aussi

replacer la législation actuelle.

Cependant, le droit algérien renvoie, comme bien d’autres, au paradoxe

de devoir concilier à la fois une législation nationale qui se veut, pour

partie, d’inspiration religieuse et le respect de principes internationaux

auxquels l’État algérien a souscrit dès sa création, comme la Déclaration

universelle des droits de l’homme. Dans les faits, cette situation conduit à

une aporie juridique. De plus, les dirigeants sont confrontés, eux aussi, à

une évolution de la sociologie religieuse qui, si elle n’est pas significative

en termes quantitatifs, pose sur le plan théorique de nouvelles questions 101 .

L’environnement international et les discours à prétention universaliste des

uns et des autres ne sont pas non plus à minimiser. Les perceptions des

réalités conditionnent des représentations où domine le sentiment d’une

offensive en direction de l’islam. Cela peut, en partie, expliquer la mise en

œuvre de politiques défensives dans un contexte où une majorité des

musulmans se sent agressée. Étrange constat que celui de peurs réciproques

dont il faut tenir compte, fussent-elles fondées, en partie, sur des

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