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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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de porter la barbe. Cette décision, contraire aux règles canoniques en usage,

va néanmoins servir de premier signe distinctif au clergé colonial, motivé

par la présence musulmane : le port de la barbe inspirerait le respect.

De manière moins anecdotique, la situation coloniale est repérable dans

la taille des diocèses. Le diocèse d’Alger s’étend sur 52 700 km², celui

d’Oran sur 67 300 km² et celui de Constantine sur 87 500 km² 27 . Or, en

France, la taille moyenne d’un diocèse est de 7 000 km² 28 . L’immensité des

diocèses est un bon indicateur du caractère colonial et doit être mise en

relation avec les conditions de circulation qui ne sont pas comparables avec

celles de la France métropolitaine.

Un autre élément renforce la spécificité coloniale : le nombre des

Européens. La population européenne totale est de 565 315 personnes dont

294 132 en Oranie, 265 791 dans l’Algérois et 159 054 dans le

Constantinois 29 . Par ailleurs, la composition de la population européenne

est différente d’un diocèse à l’autre. Dans le diocèse d’Oran, les Espagnols

sont majoritaires, dans celui d’Alger ceux sont plutôt les Français même si

des Espagnols et des Italiens sont présents ; le diocèse de Constantine

rassemble davantage d’Italiens et de Maltais. L’histoire explique ces

répartitions : la présence espagnole en Oranie indique que cette région est

considérée par l’Espagne comme une chasse gardée depuis des siècles

comme le Constantinois et sa proximité avec la Tunisie rappellent les

ambitions italiennes sur la Tunisie. La présence de populations non

françaises a des incidences sur la vie de l’Église catholique qui doit tenir

compte de leurs spécificités et être en mesure de communiquer avec elles

dans leurs langues respectives. L’organisation de la vie religieuse peut ainsi

s’en ressentir et présenter des singularités d’un diocèse à l’autre. Le prêtre

doit donc s’adapter à ses fidèles – et vice-versa – et parcourir de longues

distances pour assurer son service. C’est pourquoi, bien souvent, dans les

annexes des paroisses, seuls les sacrements les plus répandus tels que le

baptême, le mariage et l’extrême-onction sont délivrés.

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