21.07.2022 Views

LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

D’une guerre à l’autre (1914-1962)

ESSAI DE BILAN DE LA SÉPARATION

La période de la Séparation n’a été qu’une petite parenthèse dans

l’histoire des relations entre l’État et l’Église dans la colonie. Même

l’ébauche d’une « guerre de religion » version algérienne n’est pas

décelable tant les enjeux de la métropole y sont étrangers. Enjeux que

l’Église algérienne a, d’ailleurs, du mal à saisir. Elle refuse de participer au

débat idéologique autour des rapports entre l’Église et l’État. Pourquoi le

ferait-elle, elle qui a toujours perçu la nécessité de la présence de l’État

pour son propre développement ? C’est donc à la fois des sentiments

d’incompréhension et d’injustice qui dominent au sein du clergé : il se voit

imposer une loi dont il ne se sent pas responsable.

L’Église algérienne a conscience d’appartenir à une communauté

universelle, mais elle revendique son « droit à la différence », car elle est

implantée en terre coloniale. Il est vrai que sa structure et son organisation,

même après la Séparation, sont des émanations de celles de France, mais

son état d’esprit est différent. Le clergé, conscient d’être aussi le

représentant de la France, veut rester fidèle à l’État. Nous l’avons vu,

Mgr Bouissière excepté, le clergé demeure « d’esprit concordataire ». Cette

liberté d’expression, implicitement inhérente à la loi de 1905 n’est pas

usuelle en Algérie. Il est vrai que l’octroi des indemnités de fonction peut

être à l’origine de ce silence prudent. Cette épée de Damoclès, suspendue

sur les ministres du culte, exerce une pression diffuse quand bien même elle

est amputée de la contrepartie honorifique qu’offrait le Concordat. Pourtant,

les indemnités n’ont pas, à elles seules, conditionné les attitudes politiques

du clergé. Ce dernier est convaincu que sans le soutien de l’État il ne peut

survivre dans la colonie. Il ne tient guère à cette nouvelle liberté car il n’a

jamais ressenti de contrainte dans son passé pour avoir à les dénoncer

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!