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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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10 avril 1916, la situation se détériore car le gouverneur général défère à la

justice ses actes et ses propos. Le 15 avril 1916, un degré supplémentaire

est franchi : en raison de l’attitude de l’évêque, toute procession ou

manifestation religieuses sur le territoire de la commune de Constantine à

l’occasion de la fête des Rameaux (le 16 avril) est proscrite. Cependant, les

poursuites contre le prélat ne peuvent aboutir. Le ministre de l’Intérieur en

informe alors le gouverneur général par une lettre du 16 mai 1916. Les

dispositions de la loi du 9 décembre 1905, dans son article 35, ne

permettent ni de censurer ses écrits ni de le poursuivre pour ses propos.

Néanmoins, la surveillance de l’évêque est renforcée et, comme moyen de

coercition, tout passeport lui est interdit. Une dernière arme reste entre les

mains de l’autorité civile : si l’évêque continue ses prédications « dans un

esprit de violence », le gouverneur général a la possibilité de le déférer à la

justice militaire. Le 20 juin 1916, on interdit aux fonctionnaires d’assister à

ses prêches. L’affaire Bouissière ne se termine qu’avec le décès de son

principal protagoniste le 9 septembre 1916, au grand soulagement et des

autorités militaires et civiles.

Les prises de positions du prélat sont, au vu des archives publiques, en

grande partie à l’origine de cette rupture. Mais, dans la mesure où nous ne

disposons pas des archives religieuses sur ce dossier, il convient d’être

prudent et nuancé dans la détermination des responsabilités respectives.

Bouissière est, à plus d’un titre, un cas isolé, car, dans aucun document

public, n’a été mentionnée une telle attitude de la part d’un haut dignitaire

ecclésiastique algérien. Ces derniers ont conservé la position de réserve,

obligatoire sous le Concordat, comme une direction morale à poursuivre.

Dupuch et Bouissière sont donc des exceptions au sein du haut clergé

algérien qui entend collaborer avec toutes les autorités de la colonie afin de

permettre l’ancrage de l’Église dans les meilleures conditions possibles.

L’ÉGLISE ET LES AUTRES

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