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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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instrumentalisée par le politique de part et d’autre : l’Algérie préexiste-telle

à la colonisation ou en est-elle le produit ? Pour un historien du

XXI e siècle cette question n’a pas de sens formulée ainsi dans la mesure où

derrière des mots en apparence sans ambiguïté se cachent des définitions

très différentes pour ne pas dire opposées. Est-il question de l’Algérie

« géographique », du sentiment d’appartenance des populations, du début

de la conquête, de l’entre-deux-guerres, etc. ? Cependant, il est possible de

saisir tous les enjeux de ces définitions en contexte colonial pour toutes les

parties et d’expliquer pourquoi telle ou telle acception a pu être mise en

avant. Derrière cette distinction entre Algériens et indigènes, telle qu’elle

est employée au XIX e siècle dans le cadre du système colonial, il est possible

de décoder une construction mentale : les sentiments patriotiques, puis

nationalistes ne sont recevables que pour l’Europe. C’est pourquoi un vaste

et informe « monde arabo-musulman » se construit. Réduites à leur

dimension religieuse, les populations soumises sont supposées être mues

par les seules considérations religieuses : tout leur être se résume à leur foi.

Ils ne peuvent s’adjoindre d’autre identité que celle d’un islam qui est

présenté comme monolithique.

La similitude dans le vocabulaire se retrouve dans les discours puisque

les catholiques partagent les a priori de leurs contemporains sur l’islam et

sur les musulmans comme leurs certitudes sur la colonisation. L’Église

catholique, comme ses fidèles, participent du discours colonial sur les

bienfaits de la mission civilisatrice. Le versant laïque de la mission

civilisatrice est bien connu et s’est avéré l’une des justifications de

l’expansion coloniale. L’Église catholique pense en fournir le versant

religieux. Elle salue l’œuvre coloniale de la France tout en insistant sur sa

propre participation à l’action civilisatrice. Pour elle, il ne peut y avoir de

civilisation sans christianisme. Certes, clergé séculier et fidèles

n’envisagent pas réellement de conversions massives, mais conçoivent la

rechristianisation de l’Algérie par le biais de « la nouvelle race latine ».

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