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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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Dans son choix courageux, Duval n’est pas seul. Une minorité de

fidèles, difficile à quantifier, l’accompagne, on citera, parmi tant d’autres,

les noms de laïcs militants comme le médecin Pierre Chaulet et sa femme

Claudine 57 . Des prêtres sont à ses côtés, comme les pères Carmona,

Bérenguer, Scotto, pour les plus connus.

Pourtant, cette Église, massivement tournée vers les Européens, apparaît

à plus d’un titre comme « vassale » du pouvoir politique. C’est là qu’avait

résidé sa force, car c’est une volonté politique qui a contribué au maintien

de son influence, c’est là aussi que se trouvent désormais les raisons de sa

faiblesse. Trop liée à l’État français, elle n’a pas pris en compte les

changements des réalités sociales. Son évolution s’est arrêtée à l’époque

concordataire alors qu’en France l’Église a dû s’adapter aux nouvelles

données. De plus, son rapport intime avec la communauté européenne s’est

renforcé avec le temps. Elle est devenue un élément du système de valeurs

des Européens d’Algérie. Elle a poursuivi le projet catholique d’être une

religion façonnant l’identité des fidèles quitte à ne s’adresser qu’aux seules

populations européennes de la colonie.

Cette identification du catholicisme à la colonisation européenne pose

en outre le problème de la place des autres communautés confessionnelles

des Européens d’Algérie dans la construction d’une conscience collective.

La référence constante au catholicisme occulte la place des protestants

susceptibles de mettre en cause l’unité revendiquée par ce « peuple ».

Toutefois, c’est surtout avec la communauté israélite que le paradoxe est le

plus étonnant. Les juifs ont souvent été rejetés du groupe des Européens

d’Algérie et n’ont pas suscité de mouvement de solidarité face aux mesures

antisémites de Vichy car ils étaient considérés comme des indigènes

francisés, au moins jusqu’à la Grande Guerre. Or, ils sont devenus au fil des

années, et ce depuis la fin de l’Algérie française, la composante la plus

souvent mise en avant des Pieds noirs. Paradoxalement, ils ont fortement

contribué à former après 1962 une « culture » dont ils avaient souvent été

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