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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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d’une sensibilité méditerranéenne. Les sources non-religieuses convergent

sur un point : toutes les populations européennes, les Français mis à part,

sont attachées à la religion. La population étrangère, ou d’origine étrangère,

se voit consacrer dans tous les ouvrages sur l’Algérie ou sur l’Afrique du

Nord un chapitre contenant quelques lignes sur sa spiritualité. L’emprise du

positivisme est alors telle que les auteurs ne s’intéressent que

superficiellement à la vie religieuse chrétienne. On tombe vite dans une

simplification qui en devient presque caricaturale. À lire ces auteurs, on en

déduirait que tous les Français sont des impies qui ne s’intéressent en

aucune manière à la religion et seraient même en voie de déchristianiser les

autres 114 . Quant aux autres Européens, leur attachement à la religion serait

quasi viscéral et leurs pratiques noyées dans toutes les superstitions

possibles et imaginables. La nuance n’est pas vraiment le point fort de ces

auteurs, mais il est intéressant de voir que telle a été leur impression. Il est

vrai qu’elle peut se vérifier sur certains points.

Les grands traits d’un catholicisme méditerranéen peuvent en partie être

appliqués à l’Algérie catholique. Les populations sont très attachées aux

rites de passages incarnés par certains sacrements. Les hommes tiennent à

ce que leurs épouses et leurs enfants restent dans le giron de la morale

chrétienne. Mais certains hommes sont aussi attachés à la religion, comme

en témoigne la « messe des hommes », les confréries masculines, les

demandes de certains pêcheurs, etc.

Pour la masse des fidèles, l’extériorisation de la religion, par des gestes

et des invocations, constitue l’essentiel de leurs rapports au religieux. C’est

vers 1880, selon les travaux de Jean-Jacques Jordi, que l’aspect religieux se

dessine plus clairement dans la société hispanique d’Oranie 115 . Dans cette

communauté la foi est très vive et se mêle parfois à des pratiques

« superstitieuses », « magiques ». Les fêtes religieuses sont toujours

chômées et l’ouvrier espagnol, y compris le plus miséreux, refuse de

travailler le dimanche. À cette occasion, on y revêt les plus beaux atours

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