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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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L’apostasie (irtidâd, ou ridda, litt. « retrait, recul, repli ») dans une

conception islamique, consiste dans le changement de religion au détriment

de l’islam, l’inverse, i. e. la conversion à l’islam, n’est pas considérée

comme un acte apostat. Délicat sujet que celui de l’apostasie étant donné

que le Coran n’indique pas de châtiment terrestre pour l’apostat (murtadd)

mais des peines dans l’au-delà (voir notamment S XVI, V108-106 94 , 109-

107 95 , 111-110, 112-111, etc.). En revanche, la question ne semble pas

pouvoir être tranchée pour le Hadith car selon les tendances exégétiques et

les hadiths choisis, les conclusions sont diamétralement opposées.

Cependant, les différentes écoles n’ont pas hésité à prescrire la

condamnation à mort qui fut mise en application par certains gouvernants.

Le statut des apostats varie encore aujourd’hui d’un État à l’autre. De plus,

il faut être attentif au fait que son existence dans la loi n’indique pas quelle

application sera faite en cas de litige. Dans les États où la condamnation à

mort pour apostasie est prévue par la législation, le fiqh prévoit aussi

l’invitation à la repentance. Le non-respect de ce principe a déclenché la

levée de boucliers des grands ayatollahs dans l’affaire Rushdie, alors que

son application formelle et non sincère dans le cas de Mahmoud

Muhammad Taha a conduit ce dernier à la mort 96 . Tous les cas de figure

sont possibles dans le domaine juridique qu’il convient de bien distinguer

des réactions des populations face aux convertis : là aussi, les généralités

sont à proscrire. Ainsi, l’évaluation de la portée réelle des textes de loi ne

devrait pas dépendre seulement de leur lecture, mais aussi d’une analyse

socio-anthropologique de leur application. Pour ce qui concerne la

législation algérienne, nous pouvons simplement dire qu’elle n’a pas codifié

de statut de l’apostat.

Toutefois, l’existence d’un statut personnel régi par la loi n o 84-11 du

9 juin 1984 sur le code de la famille et modifiée par l’ordonnance n o 05-02

du 27 février 2005, pose la question du statut d’un citoyen algérien de

confession chrétienne. Ces derniers existent actuellement sur le territoire

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