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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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aussi bien la période romaine que le temps colonial ont été minorés dans

l’enseignement de l’histoire après 1962 pour insister sur le prestigieux

passé arabo-islamique et sur la période de la lutte contre la colonisation.

C’est ainsi que les petits Algériens se sont retrouvés coupés d’une partie de

leur histoire, donc des grands hommes de l’Antiquité comme Augustin 83 .

Par ailleurs, le développement d’un discours à connotation islamique ne

laissait que peu de place à ce Père de l’Église. Augustin s’est retrouvé dans

la situation d’être né dans une période historique non islamique et de ne pas

être musulman : il ne pouvait donc être perçu comme faisant partie du passé

de l’Algérie.

Il faut attendre 1999 pour qu’en quelques phrases, Augustin redevienne

l’enfant du pays. Une étape supplémentaire est franchie avec le colloque

organisé en son honneur en avril 2001 en Algérie. Rappelons brièvement le

contexte dans lequel cette rencontre scientifique s’est déroulée. Le contexte

international, tout d’abord : les talibans viennent de détruire les bouddhas

de Bamiyan (mars 2001). 2001 est aussi l’année consacrée par l’ONU au

dialogue entre les cultures et les civilisations. Et puis, il y a la situation

nationale algérienne. L’Algérie est en train de sortir d’une décennie

sanglante dont les victimes ont été de toutes confessions.

Toutefois, la pression du camp islamo-conservateur a conduit à modifier

le titre du colloque de « Saint Augustin entre africanité et universalité » en

« Premier colloque international sur le philosophe algérien Augustin ». Les

participants et même certains membres du comité scientifique ont découvert

le changement à l’ouverture du colloque. Deux lectures de cette

modification peuvent être proposées. Elle peut être interprétée comme un

recul face à une pression exercée par certains milieux dans un contexte de

fin de guerre civile toujours fragile. Certes, Augustin perdait sa sainteté

mais redevenait algérien. Chacun évaluera les gains et les pertes en fonction

du point de vue adopté : depuis Alger, nationaliser – j’insiste et non pas

naturaliser – Augustin semblerait plus pertinent pour renouer avec le passé

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