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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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La SRA trouve regrettable que des chrétiens et des chrétiennes soient

assez naïfs pour se laisser émouvoir par des promesses ou des menaces

qu’aucune autorité religieuse n’a confirmées et qui, dès lors, ne méritent

absolument aucun crédit. Les curés doivent rappeler aussi souvent qu’ils le

jugeront nécessaire les positions de l’Église pour détourner les fidèles de

cette pratique qui « tend à ridiculiser la religion, que le simple bon sens

réprouve et que Monseigneur l’Archevêque condamne et interdit dans son

Diocèse ». La date de circulation de cette prière n’est pas anodine puisque

la Guerre vient de commencer et que les fidèles ressentent légitimement le

besoin de se préserver du malheur par tous les moyens mis à leur

disposition. Or, l’institution entend seule établir la ligne de partage entre le

licite et illicite, et se considère comme la seule habilitée à délivrer les

moyens surnaturels de protection. Ce type de « chaîne » de prières est

attesté en France et se maintient encore sous de nouvelles variantes jusqu’à

nos jours. Il convient de noter que la définition du catéchisme repose sur le

seul argument d’autorité dans la mesure où il revient à l’Église seule de

définir les croyances et les modalités de leur mise en pratique. Dans le cas

présent, la menace repose sur une rivalité de fait imposée par la circulation

de la prière, dans d’autres cas des arguments pécuniaires peuvent intervenir.

Ainsi, l’attention est attirée en 1911 sur deux marchandes de piété qui

abusent, selon la SRA du 16 avril 1911, de la bonne foi de leur clientèle :

elles prétendent que tout ce qu’elles vendent vient de Lourdes. Elles offrent,

entre autres, une médaille où se trouve gravée l’inscription « Nouvelle

Apparition de N.-D. de Lourdes ». Le journal ne manque pas de préciser

que cette nouvelle apparition est un pur mensonge.

Le clergé se prête donc aux attentes de la population. On peut se

demander où se trouve la limite avec les pratiques populaires. Quel est

l’apport de chaque communauté dans ces cérémonies qui pour certains

peuvent paraître peu orthodoxes ? Quelles sont les cérémonies propres à

l’Algérie ? Au premier abord, cette religiosité semble répondre aux critères

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