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LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

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pittoresques, certains choisissant, par exemple, de grimper à notre Notre-

Dame d’Afrique ou à Notre-Dame de Santa Cruz à genoux ou avec des pois

chiches dans les chaussures 118 … Les femmes sont de ferventes pratiquantes

qui, quand elles le peuvent, assistent tous les jours à la messe 119 . Elles ne

connaissent pour la plupart que peu de prières et les récitent comme de

véritables litanies. L’aspect de « superstitions pieds-noires » ne s’est pas

encore constitué dans la période étudiée. Après la Première Guerre

mondiale, un véritable syncrétisme de « pratiques magiques » issues des

traditions italiennes, espagnoles, juives, berbères, musulmanes, etc. se

structure. Au début du siècle, les distinctions existent encore : chacun

semblerait pratiquer dans son domaine culturel, chacun emprunte son

propre chemin pour s’adresser au Ciel, itinéraire balisé par des coutumes

ancestrales en provenance des pays de départ.

À quoi attribuer cette exacerbation des pratiques religieuses ? En quoi

se distinguent-elles des autres pratiques méridionales, si on admet qu’il

existe bien une spécificité à la religiosité catholique du bassin occidental de

la Méditerranée et que l’Algérie en fasse partie ? Sont-elles suscitées par les

mêmes éléments ? Des éléments coloniaux, propres à l’Algérie, ne sont-ils

pas perceptibles ?

Il me semble difficile d’insérer dans le cadre du catholicisme

méditerranéen les réalités algériennes où la « pratique » religieuse revêt des

connotations intrinsèques à la colonie. Ainsi, cette nécessité d’extérioriser

sa religion est à rechercher certes dans les pays d’origines, mais aussi dans

ce milieu colonial spécifique qu’est l’Algérie. La visibilité ne s’adresse pas

prioritairement aux anticléricaux de tous bords, elle répond à une autre

nécessité : marquer sa différence par rapport aux musulmans et, peut-être,

plus encore par rapport aux juifs, car ces derniers sont Français alors qu’ils

restent dans le regard de beaucoup d’Européens des indigènes. Cela justifie

partiellement le décorum des processions, le faste déployé lors des grandes

fêtes chrétiennes : la population est en représentation à travers ses pratiques

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