21.07.2022 Views

LAlgérie catholique (XIXe - XXe siècles) (Oissila Saaidia)

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

quand il en a eu la possibilité légale. Le Gouvernement général est sensible

à la fragilité du culte et ne tient pas à le voir disparaître. La Séparation n’a

jamais été dangereuse pour la survie de l’institution dans la mesure où le

Gouvernement général ne souhaite point son extinction.

En effet, l’Église a une dimension autre dans la colonie. Si la Séparation

a pu contribuer en France au processus de déchristianisation, en Algérie il

en va autrement. Il n’y a pas à proprement parler de projet d’affaiblissement

du catholicisme, car un lien affectif lie les Européens à leur religion. Les

conséquences de l’application de la loi dans la colonie n’ont rien à voir avec

celles de la France, il faut les envisager au travers du prisme de la vie

coloniale.

Dans ces conditions les débats parlementaires à propos de la Séparation

prennent une dimension paradoxale. Pourquoi le débat national prend-il le

pas sur la volonté de l’État de ne pas mettre en péril l’ordre colonial en

Algérie ? Pourquoi « l’exception algérienne » n’a-t-elle pas été d’emblée

admise, d’autant que, dans les faits, c’est un système de séparation atténuée

qui est adopté et se met en place ?

Les années de la Séparation constituent une courte parenthèse. Après la

Première Guerre mondiale, l’État intervient à nouveau dans le

fonctionnement de l’Église en subventionnant des créations d’édifices du

culte et en poursuivant l’octroi des indemnités. Au bout du compte,

contrairement à ce que pouvaient laisser penser les débats autour de 1905,

l’Église algérienne a traversé sans bouleversement la période et digéré la

Séparation. Cette dernière, loin de lui donner un nouveau visage, a renforcé

un profil modelé dès les premiers temps de la conquête. Contrairement à

son homologue de l’autre rive de la Méditerranée, l’Église catholique n’a

pas eu à inventer un nouveau type de relations avec ses fidèles appelés à

financer l’institution ou avec un clergé privé de son traitement. Le contexte

colonial a naturellement conduit le clergé à être proche des fidèles et à faire

corps avec eux, car tous deux appartiennent à une même communauté, celle

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!