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Université Paul Verlaine-Metz U.F.R Sciences Humaines et Arts ...

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Les joueurs, qu’on pourrait désigner comme médecins, accompagnent le ou, le plus<br />

souvent, la possédée par leurs rythmes <strong>et</strong> leurs chants 1 . Parfois, il faut attendre un long<br />

moment avant qu’une femme ne présente les signes de la possession. D’autres encore peuvent<br />

être prises dès le premier tambourinement qu’elles entendent. Lorsqu’elles sont prises, le<br />

constat est sans appel <strong>et</strong> peut être des plus traumatisants. Une personne qui depuis plusieurs<br />

jours présentent des signes de fatigue, d’absence ou d’énervement attire l’attention de ses<br />

proches. Mais elles ne savent pas qu’elle est la nature de son mal. L’emmener dans ces<br />

orthodoxes. On la r<strong>et</strong>rouvera volontiers dans les cérémonies de mariage, en général dans tous les spectacles de<br />

musique profane. La darbūka est parfois accompagnée dans les spectacles par le mizwid, cornemuse locale.<br />

1 Voici ce que nous écrivions la première fois que nous avons assisté à une hadra au marabout de Sidi Ali ben<br />

Aoun (avril 2002) :<br />

« Arrivé sur les lieu, je m’aperçus qu’il n’y avait pas autant de personnes que je l’imaginais. Je rentrai <strong>et</strong> allai<br />

prier sur les tombes. Je me déchaussai, <strong>et</strong> fis un vœu. L’atmosphère était envoûtante. Pour accéder aux<br />

tombeaux, il fallait traverser une pièce où s’entassaient des hommes d’un côté <strong>et</strong> des femmes de l’autre. Prés des<br />

tombes, quelques indiscr<strong>et</strong>s remarquèrent que je ne manipulais pas la langue arabe. C’était fichu ! Bon, il fallait<br />

faire avec <strong>et</strong> puis ces personnes étaient tout à fait plaisantes. Elles me firent visiter les lieux – nous escaladâmes<br />

le marabout ensemble pour mieux observer les lieux – prirent des notes pour moi, notamment celle de la<br />

descendance de Sidi Ali Ben Aoun, <strong>et</strong>c.. Je fumai une dernière cigar<strong>et</strong>te avant d’aller à la rencontre de ce qui a<br />

été l’obj<strong>et</strong> de tant de discussions lors de mes cours.<br />

Je rentrai, la fumée était envahissante. Je m’installai près d’hommes qui tenaient tous un bindīr en mains. Je pris<br />

soin de laisser le centre de la piste, destinée à recevoir les malades, vide. Les hommes tenant un bindīr<br />

commencèrent à jouer <strong>et</strong> à chanter )j’appris plus tard que ces chants étaient des chants du Coran, des louanges au<br />

saint du tombeau, ainsi que des implorations pour la guérison des malades). Je remarquai que le chemin entre la<br />

sortie du tombeau <strong>et</strong> l’endroit où reposent les ancêtres était sans cesse emprunté par des personnes au physique<br />

en grande difficulté. Les chanteurs continuaient leurs récitations du Coran lorsque tout à coup, une femme vint<br />

au centre de la piste. Elle était de forte corpulence, agenouillée <strong>et</strong> elle agitait sa tête de gauche à droite, de bas en<br />

haut, le tout sur un rythme frénétique. Elle était possédée par un djinn. Une femme vint lui r<strong>et</strong>irer son foulard<br />

ainsi que les obj<strong>et</strong>s qu’elle avait sur le corps <strong>et</strong> qui aurait pu lui causer du mal. Elle agitait le haut de son corps<br />

toujours sur le même rythme. Dès que les joueurs de bindīr arrêtèrent la musique <strong>et</strong> les chants, elle s’effondra sur<br />

le sol. Ils reprirent, elle se leva <strong>et</strong> sur ses deux pieds, exécuta la même danse tandis qu’une femme surgissant de<br />

la foule vint à côté d’elle. Elle sautait pieds joints <strong>et</strong> faisait tourner sa longue chevelure. Ces femmes s’agitèrent,<br />

s’effondrèrent, firent des va <strong>et</strong> vient vers les tombeaux.<br />

C’était donc cela la possession ? Soudain, un homme vint : il était de très forte corpulence, d’allure soignée, il<br />

ôta sa montre lui même, sauta, fit un énorme vacarme, cria, tapa des mains pendant que la foule indifférente à<br />

son supplice l’écartait avec nonchalance. A vrai dire, c<strong>et</strong> homme me faisait peur. Mais maintenant ma<br />

concentration était attirée par la voix d’un homme. Les autres joueurs de bindīr suivaient les variations de sa<br />

voix pour les rythmes de la percussion : c<strong>et</strong>te voix nasillarde mais si délicieuse à entendre. »<br />

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